Dans son discours devant les députés, il a dit que "la porte reste ouverte" pour un dialogue autour d'une Constitution consensuelle. Boudées par l'essentiel des partis et personnalités qui pèsent sur l'échiquier politique national, les consultations sur la révision constitutionnelle, managées par le directeur de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, pourraient bien connaître un second round. C'est du moins ce qu'a laissé entendre mardi, à l'ouverture de la session d'automne du Parlement, le président de l'APN, Mohamed Ould Khelifa, en signifiant clairement que le débat autour de la nouvelle Constitution n'est toujours pas clos. "Après plusieurs semaines de concertations, la porte demeure ouverte et l'objectif très clair, à savoir s'accorder autour d'une même Constitution consensuelle qui répond aux attentes des Algériens et fidèle à la déclaration du 1er Novembre 1954", a-t-il affirmé. Cette déclaration peut prêter à plusieurs lectures. Il n'est pas exclu que le pouvoir se soit saisi de la tribune offerte par l'ouverture de la session d'automne pour réintroduire dans le débat public, à l'occasion de cette rentrée politique, cette question dans le but de rattraper l'omission présidentielle. En effet, lors du Conseil des ministres du 28 août dernier, le président Bouteflika avait carrément passé à la trappe le projet de la nouvelle Constitution qui, des mois durant, a mobilisé la cour et l'arrière-cour du pouvoir pour convaincre l'opinion publique nationale et internationale des intentions démocratiques de celui-ci. Avec sa déclaration, M. Ould Khelifa a voulu certainement assurer que le chantier présidentiel est toujours d'actualité. D'un autre côté, cette sortie du troisième personnage de l'Etat peut être entendue comme un aveu d'échec du pouvoir en place de doter le pays d'"une constitution consensuelle". L'adhésion à la démarche a grandement fait défaut. On s'en souvient, la plupart des partis d'opposition regroupés au sein de la CNLTD et au Pôle des forces du changement, piloté par Ali Benflis et des personnalités influentes (Ali Yahia Abdenour, Mouloud Hamrouche, Sid-Ahmed Ghozali, etc.) ont tous tourné le dos à l'offre de "dialogue" du pouvoir en place. Si le RCD avait qualifié les consultations d'Ouyahia de "défilé de clientèles", Abderrezak Makri (MSP) les a assimilées à un monologue en lâchant : "Le pouvoir veut dialoguer avec lui-même." Ali Benflis n'était pas en reste assénant sèchement : "Les propositions de révision constitutionnelle doivent être prises pour ce qu'elles sont : une fuite en avant et une diversion (...)." Et la réussite de la conférence nationale du 10 juin dernier qui a ratissé large avec la participation de partis, personnalités, syndicalistes, acteurs de la société civile d'horizons politiques divers, a jeté davantage de discrédit à l'initiative du pouvoir. D'ailleurs, on susurre, çà et là, que le président Bouteflika serait mécontent du travail fait par ses collaborateurs. C'est, peut-être, là la raison qui explique l'évacuation par Bouteflika de la révision constitutionnelle du dernier Conseil des ministres alors que le rapport sur les consultations lui aurait été remis par son chef de cabinet, Ahmed Ouyahia. Question : les partis et personnalités ayant décliné en mai dernier l'invitation d'Ouyahia prendront-ils part, cette fois-ci, à un deuxième round des consultations sur la révision de la Constitution, si jamais il est lancé ? Invraisemblable. Surtout que les causes qui sont derrière leur boycott de mai dernier sont toujours là. En outre, leur principale revendication, à savoir l'engagement d'une période de transition, est balayée d'un revers de la main par le pouvoir qui, par la bouche d'Ahmed Ouyahia, l'a assimilée à "l'une des plus dangereuses formes d'opposition". A. C. Nom Adresse email