L'Algérie devrait finir l'année avec un déficit réel de plus de 6%. Les pays exportateurs de pétrole de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), dont l'Algérie, risquent de voir disparaître complètement leurs excédents financiers dans moins de trois ans, selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI). Sauf changement de politique budgétaire pour aller vers moins de dépenses publiques, ces pays devront ainsi connaître de graves déficits à l'horizon 2017, avertissait hier le FMI dans un nouveau rapport repris par l'APS. Mettant en avant la chute de 20% des cours du pétrole ces deux derniers mois, le Fonds souligne qu'hormis les membres du Conseil de coopération du Golfe (Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Koweït, Qatar, Bahreïn et Oman), tous les autres pays pétroliers de la région sont déjà déficitaires et risquent de voir s'aggraver les risques qui pèsent sur leurs finances s'ils ne reconsidèrent pas leurs politiques budgétaires expansionnistes. Si les cours du pétrole se maintiennent longtemps à leur faible niveau actuel, l'excédent budgétaire global des pays en question «pourrait se transformer en déficit dès l'année prochaine», a même affirmé le directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, Masood Ahmed, lors de la présentation du rapport, hier à Washington (USA). Aussi, tout en soulignant que la croissance moyenne des pays exportateurs de pétrole de la région reste «timide» à seulement 2,5% en 2014, l'institution de Bretton Woods juge nécessaire pour ces pays de veiller désormais à contenir leurs dépenses publiques, mais aussi à léguer aux générations futures une part équitable des richesses tirées des hydrocarbures. S'agissant de l'économie algérienne, le FMI, convient-il de rappeler, avait déjà mis en avant, en octobre dernier à Alger, l'urgence pour les pouvoirs publics d'œuvrer à rééquilibrer les finances de l'Etat en définissant surtout un plancher de déficit budgétaire à ne pas dépasser sur une durée déterminée. Selon les estimations du Fonds, l'Algérie devrait d'ailleurs finir l'année avec un déficit réel de plus de 6%, en raison notamment de «la diminution des recettes des hydrocarbures», d'«une nette augmentation des dépenses en capital» et du maintien d'«un niveau élevé de dépenses courantes». Si la politique économique actuelle est maintenue, «la position extérieure nette de l'Algérie deviendra inévitablement négative d'ici 20 à 25 ans», avaient en définitive averti les experts du FMI, en soulignant notamment l'urgence d'investir davantage dans les hydrocarbures, d'accroître les prix intérieurs des produits énergétiques et surtout d'améliorer le climat des affaires pour favoriser la diversification des exportations. A noter enfin que le projet de budget de l'Etat pour l'exercice 2015, actuellement en débat au Parlement, table sur un déficit budgétaire de plus 22% du PIB sur la base d'un prix de référence du pétrole à 37 dollars le baril.