Les essais ont également leur place au 19e Salon international du livre d'Alger (SILA), qui se poursuit jusqu'au 8 novembre. Ici, deux exemples. Farouk Zahi vient de publier aux éditions ENAG, Bou Saâda, en quelques traits... L'auteur, qui n'est ni écrivain ni journaliste comme il se définit lui-même, raconte, à travers une série d'articles, l'histoire de la cité «médiévale agro-pastorale» qui est «blottie entre les monts Kerdada au sud, Azzedine à l'ouest et R'mel au nord et qui est distante de 250 km à l'est d'Alger». «Lieu habité depuis les temps immémoriaux, point de rencontres entre les routes. Le site de Bou Saâda se serait constitué en agglomération pour offrir une halte au commerce caravanier. Lieu de ravitaillement des hommes et de leur monture en nourriture et eau, Bou Saâda se serait édifiée sur la richesse des autres régions : dattes des Zibans, graines du Tell, laine des Hauts-Plateaux et produits artisanaux de l'Algérois, du Constantinois, de Tlemcen et de Ghardaïa (…). Créée autour de la mosquée de Sidi Thameur (El masjid Al atiq), la médina s'est développée au gré de la descendance du saint homme. Elle est la jonction entre la tente rouge des Ouled Naïl et la tente noire du Hodna», écrit Farouk Zahi. L'auteur s'intéresse aux moulins à grains, ceux notamment de Serguine, de Belamri et de Ferrero, évoque la disparition de l'atelier de l'artiste-peintre Etienne Dinet et écrit sur les forges des Chorfa, un quartier de la vieille médina et le burnous, «un attribut identitaire national». Il regrette la non-ouverture du centre destiné à la préservation des arts traditionnels populaires à Bou Sâada, «en dépit de l'achèvement des travaux». Farouk Zahi précise que dans Bou Saâda, en quelques traits…, il n'y a pas de fil conducteur. «Je voulais sortir de l'image d'Epinal, Bou Saâda carte postale, anciennement repos du guerrier. Bou Saâda c'est également Belkacem Hafnaoui, un grand mufti d'Alger qui était bilingue. Mohamed Boudiaf a passé son enfance à Bou Saâda. Le fondateur de la ville est venu après la Reconquista espagnole. Le pouvoir actuel a été pris à Bou Saâda en 1962. L'ANP a pris ce nom dans cette ville. Une ville qui a gardé son statut de sous-préfecture de 1958. Les jeunes de Bou Saâda disent qu'ils n'ont pas vu grand-chose de l'Algérie indépendante. Il y a une rupture de dialogue et de transmission avec les jeunes. Bou Saâda est un bastion culturel et religieux, mais qui est dans la pénombre», relève Farouk Zahi. Selon lui, Bou Saâda est marginalisée. «On nous reproche peut-être d'avoir abrité Chaâbani, en 1964, après sa fuite d'Alger. Il n'est pas parti à Biskra, sa ville natale, mais à Bou Saâda, où il avait des compagnons. On subodore qu'il existe des rancoeurs historiques…», appuie-t-il. Mohamed Aroua a publié, pour sa part, Ibn Rushd, le médecin, aux éditions Alpha à Alger. «L'étude de l'histoire de la médecine islamique, à travers les œuvres médicales d'Ibn Rushd, présente des intérêts multiples. D'abord, la découverte d'un patrimoine scientifique et culturel ignoré ou mésestimé. Puis, la compréhension d'une étape importante dans l'histoire générale de la médecine, qui représente une charnière évolutive décisive entre la médecine empirique et la médecine moderne», précise l'éditeur. Mohamed Aroua publie dans son essai, de 315 pages, des extraits de Kouliat Al tib de Ibn Rushd, notamment sur la composition des médicaments ainsi qu'un lexique des termes médicaux et des poids et des mesures. Philosophe et mathématicien également, Abou Al Walid Mohammed Ibn Rushd (Averroès) est né à Courdoue en 1126, mort à Marrakech en 1198. Il fut parmi les savants qui avaient souffert de la persécution, puisque ses livres avaient été brûlés pour «hérésie». «Ibn Rushd est souvent cité comme philosophe. Son côté médecin est négligé, alors que son influence a été importante durant la Renaissance. Ses idées nouvelles et ses controverses ont beaucoup contribué à l'évolution de la médecine. Je montre dans ce livre les questionnements de Ibn Rushd sur le traitement de la douleur, sur la cardiologie et la pneumo-phtisiologie. Ibn Rushd est le premier à avoir donné le primauté au cœur, considérant cet organe comme le plus important du corps humain», précise Mohamed Aroua, médecin anesthésiste-réanimateur, président de la Société algérienne d'histoire de la médecine.