Alors que l'Amérique de George W. Bush continue de couvrir les crimes perpétrés par Israël au Liban, de nombreux pays ont fermement condamné, hier, Tel-Aviv à la suite de l'assassinat par Tsahal (l'armée israélienne) de près d'une soixantaine de civils dont une majorité d'enfants au village de Qana, au Sud-Liban. Les appels se sont également multipliés en faveur d'un arrêt immédiat de la guerre menée par Israël contre le Liban qui a déjà fait près de 800 morts. Consterné, le monde redécouvre la face hideuse de l'Etat d'Israël. La réaction la plus véhémente est venue de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) qui a dénoncé comme « un crime de guerre » le bombardement israélien de Qana. « Le dernier massacre israélien est un crime de guerre. Il montre qu'Israël fait fi du droit international et de la 4e convention de Genève sur la protection des civils en temps de guerre », a déclaré le secrétaire général de l'OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu. Dans ce communiqué, publié au siège de l'OCI à Djeddah, M. Ihsanoglu a appelé le Conseil de sécurité de l'Onu à « agir d'urgence pour adopter une résolution proclamant un cessez-le-feu et amener Israël à stopper son agression ». Il a invité en outre le Conseil de sécurité à « prendre les mesures nécessaires pour protéger les Libanais de la tyrannie d'Israël ». L'OCI, plus grand regroupement musulman avec ses 57 pays membres, a convoqué, pour jeudi à Kuala Lumpur, en Malaisie, une réunion extraordinaire de son comité exécutif, consacrée à la crise au Proche-Orient. Effacée depuis le début de l'agression israélienne contre le Liban, la Ligue arabe a décidé, après ce génocide, de durcir le ton. Son secrétaire général, Amr Moussa, a dénoncé une « agression barbare » et a demandé « l'ouverture d'une enquête internationale sur cette tuerie et sur les autres crimes de guerre commis par Israël au Liban ». A préciser toutefois que la position exprimée par M. Moussa ne traduit pas celle de tous les Etats arabes puisque certains pays membres de l'organisation panarabe avaient gardé hier le silence. Et ils étaient nombreux. Les pays à avoir dénoncé et condamné la boucherie de Qana sont les Emirats arabes unis, le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Syrie, l'Autorité palestinienne et la Jordanie. D'habitude loquace, le colonel Mouamar Kadhafi n'a prononcé aucun mot. Après une position humiliante adoptée à l'égard de l'agression israélienne contre le Liban, l'Egypte a tenté de se racheter en condamnant le carnage de Qana. Le président syrien, Bachar Al Assad, a, de son côté, accusé Israël de pratiquer un « terrorisme d'Etat ». L'Europe se réveille... enfin L'Union européenne (UE), par la voix de son haut représentant pour la politique étrangère, Javier Solana, a aussi exprimé sa « consternation », soulignant que « rien ne peut justifier » de telles pertes civiles. La présidence finlandaise de l'UE s'est montrée également « choquée » et a appelé à « une cessation immédiate des hostilités ». En Europe, c'est néanmoins le président français Jacques Chirac qui a, en premier, condamné le bombardement israélien de Qana. Bombardement qu'il a qualifié d'« injustifiable ». La Grèce, l'Irlande, l'Espagne et la Turquie n'ont pas hésité aussi à condamner avec les termes les plus durs le bombardement du village libanais de Qana par l'armée israélienne. L'Italie, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, à part le fait de se montrer « profondément troublés par les morts de Qana », n'ont toutefois pas osé franchir le pas et condamner Tel-Aviv. En Asie, le Pakistan et l'Inde, contrairement à certains pays arabes, ne se sont pas murés dans le silence. En plus de dénoncer l'agression israélienne, ces deux pays ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et sans condition. En visite officielle en Iran, le président vénézuélien, Hugo Chavez, a accusé, pour sa part, Israël de menées « terroristes et fascistes » et a dénoncé les Etats-Unis qui mettent en danger l'humanité. « Aujourd'hui, ce que fait Israël contre les Palestiniens et les Libanais est du terrorisme et du fascisme (...) », a déclaré le président Chavez devant des étudiants réunis à l'université de Téhéran. « Aucun (régime) impérialiste dans le monde n'a jamais mis en danger l'humanité comme le fait l'empire américain », a-t-il ajouté. De son côté, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui accompagnait le président Chavez, a qualifié Israël d'Etat « artificiel, illégitime et usurpateur ».