Pour exiger leur réintégration sans condition, des centaines d'étudiants de l'université de Béjaïa, exclus sur décision de l'administration universitaire pour «retard pédagogique», ferment depuis trois jours le campus Targa Ouzemmour, qui abrite les facultés des filières techniques, et menacent d'investir la rue la semaine prochaine. Ils seraient quelque 600 étudiants concernés par l'exclusion, et ils étaient plus de 3000 au départ, avant que l'administration ne décide de réintégrer les recalés des première et deuxième années d'études, inscrits en 2011, informe une source estudiantine. Les 600 restants relèvent de pratiquement tous les départements, avec une dominante d'étudiants de la filière sciences technologiques, connue pour être l'une des plus laborieuses, selon la même source. Pour faire passer la pilule, l'administration préfère parler de «retard pédagogique», sans évoquer les raisons qui en sont à l'origine. Celles inavouées, selon des étudiants, seraient liées au manque en places pédagogiques et en lits, d'où le recours à l'exclusion, surtout qu'aucun des projets destinés à augmenter la capacité d'accueil de l'université n'est reçu. Pour les étudiants, les retards sont dus «aux mauvaises conditions sociopédagogiques, la dégradation du climat des études à cause du système LMD et les mauvaises orientations, ainsi que l'imposition des filières». Jusqu'ici, l'administration s'est montrée intraitable, malgré la mobilisation des étudiants concernés et la solidarité de leurs camarades, lesquels, jusqu'à hier, continuaient à bouder les cours. Le dernier communiqué du rectorat à l'adresse des protestataires n'est pas pour arranger les choses, puisque celui-ci réitère «l'irrévocabilité» de la décision d'exclusion. «La décision d'exclusion pour retard pédagogique est conforme aux dispositions de l'arrêté ministériel n°712 du 3 novembre 2011 fixant les modalités d'évaluation, de progression et d'orientation dans les cycles d'études. Cette décision est irrévocable», est-il mentionné dans le communiqué. Il faut souligner, par ailleurs, qu'au-delà de la réintégration, le présent mouvement des étudiants intègre dans sa lutte l'amélioration des conditions sociopédagogiques et l'accès sans pré-sélection au mastère. La Coordination locale des étudiants (CLE), où émargent une dizaine de clubs et associations universitaires, mène ce mouvement et dit le poursuivre «jusqu'à satisfaction complète des revendications des étudiants».