Les conférences européennes de solidarité avec le peuple sahraoui restent constantes et égales à elles-mêmes. Madrid (Espagne) De notre envoyé spécial Comme lors des éditions précédentes, à la 39e Eucoco, qui s'est tenu à Madrid, comités et associations de solidarité de cinq continents n'ont pas manqué de renouveler leur «appui indéfectible» à la question sahraouie. Mais, d'année en année, le droit du peuple sahraoui est bafoué par le Maroc, qui occupe le Sahara occidental depuis 1975 et piétine la légalité internationale et les droits de l'homme. Une situation longuement dénoncée lors de cette conférence qui a réuni, vendredi à Madrid, près de 300 délégués (parlementaires, juristes, syndicalistes, associations) venus d'Europe, d'Afrique et d'Amérique latine. Réagissant au dernier discours du souverain marocain, lors de la célébration de la «marche verte», le président de l'Eucoco, Pierre Galand, a estimé que «le roi divague et qu'il ne sait plus sur quel pied danser, surtout que la communauté internationale commence à lui tourner le dos». Pierre Galand a, en outre, dénoncé le fait que le peuple sahraoui est toujours sous occupation marocaine, appelant à l'application du droit international et à assurer à ce peuple le droit à l'indépendance. Il a qualifié la résistance du peuple sahraoui d'«héritage, car elle légitime la lutte des peuples à l'autodétermination». M. Galand a, par ailleurs, exhorté l'ONU à élargir le champ d'action de la Minurso à la question des droits de l'homme. Les délégués, représentants des forces politiques espagnoles, ont aussi exprimé, à l'ouverture vendredi de cette rencontre, leur soutien à la lutte du peuple sahraoui pour son droit à l'autodétermination. Cayo Lara, le coordinateur de la Gauche unie (Izquierda unida) a exprimé «son engament continu» en faveur de la cause du peuple sahraoui. De son côté, Federico Buyolo, député socialiste, a estimé que l'Espagne devrait profiter de sa présence au Conseil de sécurité pour amener l'ONU à mettre fin à l'intransigeance du makhzen et à permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination. Fernando Maura, député du parti de l'Union pour le progrès et le développement (UPyD), a réitéré, quant à elle, «l'engagement» de son parti à soutenir la «cause juste» du peuple sahraoui. «Répression constante» A signaler que plusieurs thématiques ont été à l'ordre du jour de cette conférence, à travers des ateliers et groupes de travail, qui ont porté notamment sur le volet solidarité, les actions humanitaires et les droits de l'homme dans les territoires occupés. Intervenant à ce propos, la grande militante des droits humains, Aminatou Haïdar, a dénoncé «une situation dégradée» du peuple sahraoui dans les territoires occupés du Sahara occidental, où, a-t-elle souligné, «les Sahraouis vivent sous la répression constante» des autorités marocaines. «La violence de l'Etat marocain est constante, elle est présente dans tous les coins des territoires sahraouis», a-t-elle indiqué. Selon Aminatou Haïder, «les conditions des prisonniers sahraouis dans les geôles marocaines sont déplorables, car ils sont privés de tous les droits». «Personne n'est à l'abri des outrages de l'Etat marocain, même les enfants et les femmes sont victimes des abus des agents de la police marocaine qui répriment en toute impunité les Sahraouis pour le seul tort d'avoir exprimé leur opinion», a-t-elle regretté. Haïdar, qui salue la résistance du peuple sahraoui dans ses territoires, a, par ailleurs, précisé que «les conditions de vie des Sahraouis se détériorent, surtout dans les zones occupées riches en poissons et en phosphates». Lors d'un autre atelier, Christiane Perregaux, du comité suisse de solidarité avec le peuple sahraoui, a relevé «des insuffisances» dans les actions de solidarité à l'échelle internationale. «Nous sommes trop peu organisés. Nous devons avoir plus d'ambitions pour voir comment faire fonctionner nos actions de solidarité», a-t-elle déclaré en marge de la rencontre. Des recommandations et une manifestation sont prévues aujourd'hui dans la capitale espagnole sous le slogan «Pour la décolonisation et l'indépendance, en défense des droits de l'homme».