La date du 19 novembre 1954 se lit dans un répertoire de hauts faits et suscite, soixante ans après, fierté et respect à l'égard de tous ceux qui ont sacrifié leurs vies pour que vive la nation algérienne dans la dignité et, ô combien ils sont nombreux. Badji Mokhtar en fait partie. Né à Annaba en 1919, l'enfant prodige de Souk-Ahras décroche en 1934 son CEP (certificat d'études primaires). En 1936, il est inscrit au CEG (collège d'enseignement général) et c'est à partir de cette année qu'il commencera à prendre conscience des méfaits d'un colonialisme destructeur et des disparités sociales existantes entre les colons et les Algériens. Le contact avec ses anciens camarades de classe, dont une majorité acquise d'office à la cause nationale, se fera par le biais des SMA (scouts musulmans algériens). Le premier noyau regroupera des noms qui feront, plus tard l'histoire de la révolution. On y trouvera Mohamed-Larbi Madi, Abdelaziz Kader et Ahcene Belaboudi, tous militants au PPA (Parti du Peuple Algérien), membres de l'OS avant de tomber au champ d'honneur aux premières années de la Révolution. Arrêté en 1950, suite à la découverte par les services des renseignements français du projet nationaliste véhiculé par les membres de l'OS, Badji Mokhtar sera soumis à plusieurs interrogatoires et sauvagement torturé par la police du département de Annaba qui regroupait à l'époque la circonscription de Souk-Ahras. Il en sortira plus convaincu que jamais que la lutte armée est l'unique voie de salut pour le peuple. Il fera d'ailleurs partie des 22 membres initiateurs de la lutte armée pour le recouvrement de l'indépendance comme objectif majeur. Une cellule chargée du suivi, de l'information, de la liaison et contrôle sera créée par ce stratège hors pair, et ce de l'avis de ses ennemis parmi les partisans de la ténébreuse doctrine de l'Algérie française. On y trouvera Abdelkrim Nouri, Kaddour H'rireche et Tidjani Boutayeb, trois militants qui feront parler, ultérieurement, de leurs militantisme et leurs exploits dans l'organisation des premières opérations de lutte contre l'occupant. Pour revenir à la date événement, il est utile de rappeler que tous les livres d'histoire, ceux faisant partie de la littérature rétrograde et expansionniste compris, ont reconnu au martyr et à ses 15 compagnons un acte rare de bravoure et d'abnégation. Assiégés à l'intérieur de la ferme du Caïd Dali Ben-Chouaf à Medjez Sfa dans la wilaya de Guelma où devait se tenir une réunion décisive, Badji Mokhtar qui avait juré auparavant de mourir, faute de débarrasser le peuple du joug du colonisateur, l'arme à la main, a mis sa promesse à exécution. A 6h du matin, Badji Mokhtar grièvement atteint par les balles des assaillants, sort de la ferme, fait feu sur les parachutistes et s'écroule en martyr. Une commémoration est prévue par les officiels des wilayas de Guelma et de Souk-Ahras.