Une visite officielle, des contacts avec quelques responsables politiques et une levée de boucliers. Les rencontres avec le FLN et des partis de l'opposition, initiées, jeudi dernier, par la délégation de l'Union européenne, conduite par le diplomate belge Bernard Savage, chef de division Maghreb du service européen pour l'action extérieure, ont suscité «la colère» des partis au pouvoir. Ayant été le premier à recevoir la délégation de l'UE, le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, dans une posture énigmatique, affirme, depuis jeudi dernier, «qu'il avait signifié aux émissaires de l'UE son mécontentement». Sa seule objection concerne «l'absence d'un agenda de la délégation et le fait que celle-ci rencontre des organisations non agréées». Depuis hier, des partis proches du pouvoir, qui n'ont pas été sollicités par Bernard Savage, à l'image du RND, crient au scandale. Ils dénoncent «une ingérence dans les affaires internes de l'Algérie». Ils critiquent également la CNLTD, dont l'appel à une élection présidentielle anticipée a coïncidé avec les rencontres programmées par la délégation de l'UE. Qu'est-ce qui justifie cette réaction ? Ces partis ont-ils été actionnés pour livrer indirectement le message du régime à «ce partenaire stratégique avec qui le pays est lié depuis 2006 par un accord d'association» ? Les responsables européens ont-ils commis un impair qui a nécessité un rappel à l'ordre ? Il est vrai qu'au programme de la délégation européenne, qui a séjourné en Algérie en fin de semaine dernière, aucune rencontre avec les partis politiques n'était prévue. «La délégation est venue dans le cadre des réunions des deux sous-comités chargés des affaires économiques et sociales, prévu dans l'Accord d'association algéro-UE», apprend-on auprès de deux sources, en l'occurrence le ministère des Affaires étrangères et l'ambassade de l'UE en Algérie. «La rencontre avec les partis politiques n'était pas dans le programme. Je ne sais pas comment elle a été programmée», nous explique une source proche du ministère des Affaires étrangères. «Une réaction disproportionnée» Pour l'ambassade de l'UE en Algérie, la délégation «a voulu profiter de sa présence en Algérie pour nouer des contacts aussi avec des partis». «La délégation a choisi le FLN comme le plus important parti proche du pouvoir et la CNLTD. Elle a aussi rencontré Benflis en tant que personnalité politique. Cela entre aussi dans le dialogue politique entre l'Algérie et l'UE. Les discussions avec les différentes parties ont eu lieu autour de la politique interne et les affaires régionales, notamment le terrorisme et Daech, qui inquiètent aussi l'UE», explique notre source, qualifiant de «disproportionnée la réaction de ces partis proches du pouvoir». «Le chef de la délégation est reparti et aucun rapport n'est attendu», ajoute la même source. L'accord d'association entre l'Algérie et l'UE, faut-il le souligner, donne une importance particulière au volet politique. Les premiers articles de ce document évoquent «le dialogue politique et le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l'homme».Que reproche le régime, à travers les partis qui lui sont proches, à l'UE ? Que cache cette levée de boucliers ? Pour rappel, à l'occasion des législatives de 2012, les autorités avaient fait appel aux organisations étrangères, dont l'UE, pour suivre le processus. Le pouvoir n'a pas hésité à présenter, à l'époque, les remarques du chef de la mission d'observation de l'UE, José Ignacio Salafranca, comme une preuve de la transparence de ce scrutin…