Hier, a été donné le coup d'envoi de la 8e édition de la campagne annuelle de lutte contre la violence faite aux femmes. A cette occasion, plusieurs manifestations culturelles sont prévues à Oran afin de sensibiliser, tout un chacun, sur ce fléau qui prévaut au sein de la société. L'association Fard a choisi de donner à sa campagne un nom on ne peut plus significatif : «Barkana mel 3onf lan'ssa» (cessons la violence sur les femmes). Elle a établi un programme qui s'étalera jusqu'au 10 décembre prochain avec plusieurs activités, notamment des tables rondes, des projections de films, des conférences dans les universités et des actions de proximité. L'Association féministe pour l'épanouissement de la personne et l'exercice de la citoyenneté (Afepec) veut, quant à elle, élargir sa campagne de sensibilisation à un niveau national. Elle compte mener des actions à Oran, mais aussi à Tiaret, Mostaganem, Sidi Bel Abbès et plusieurs autres villes de l'ouest et du centre du pays. «Des jeunes inscrits au certificat Genre, égalité et action associative ont rejoint cette 8e édition et se mobilisent activement pour briser le silence et casser les tabous, pour sensibiliser autour de toutes les formes de violence faites aux femmes : au travail, dans les lieux publics et au sein de la famille». Pour sa part, l'association Petit lecteur (qui promeut la lecture enfantine) organise, samedi prochain, la projection d'un documentaire de Habiba Djahnine : Safia, une histoire de femmes. Par ce documentaire, elle évoquera l'histoire de Safia, une mère de quatre enfants, qui a été victime pendant longtemps de violences conjugales (physiques et morales), mais qui a refusé son statut de victime. C'est le courage de cette femme qui sera mis en exergue pour n'avoir pas hésité à affronter son «bourreau» et à préserver ses enfants et leur avenir. «En se livrant et en racontant ses déboires, se dessine tout le combat d'une femme pour retrouver son honneur, sa liberté, elle qui a confié à la réalisatrice qu'elle a recommencé à vivre le jour où son divorce a été prononcé», nous explique-t-on. Enfin, point original: cette année aura lieu une opération spéciale baptisée «Les Oranges day's». Organisée par un collectif comprenant plusieurs associations (Bel Horizon, SDH, Chograni, Smile, Graine de Paix, le Petit lecteur), les Oranges day's axeront leur campagne sur trois thématiques: violences faites à l'encontre des femmes, action contre le sida, et promotion des droits de l'enfant. 457 affaires traitées par la sûreté Les services de police de la wilaya d'Oran ont traité, depuis le début de l'année en cours, 457 affaires de violence contre la femme, a-t-on appris, hier, à l'occasion d'une journée de sensibilisation sur l'élimination de ce fléau, organisé par l'Office des établissements de jeunes (ODEJ).Selon, la cellule de communication de la sûreté de wilaya d'Oran, cette année, pas moins de 457 femmes victimes de violence ont déposé plainte auprès de la police à Oran. Parmi elles, 383 ont été victimes de violence physique, soit 83,8% des plaignantes. Selon la même interlocutrice : «L'agresseur type est un homme. Il est le mari de la victime dans 132 des cas.» La violence conjugale a des effets sérieux sur tous les membres de la famille. Ces chiffres sont loin de la réalité. Des milliers de femmes souffrent en silence, gardant le secret de la violence qu'elles subissent et n'osent pas le dire même à leurs proches et à leurs amies. Leurs «agresseurs» n'ont jamais été condamnés. Dans la plupart des cas, ce silence s'explique par une certaine mentalité et les coutumes qui sont des obstacles majeurs les empêchant de se plaindre. Notons que plusieurs manifestions ont été organisées, hier, à Oran à l'occasion de la Journée de la lutte contre la violence faite aux femmes qui coïncide avec le 25 novembre.