Avec l'apparition des dictionnaires modernes, dont l'Amawal de Mouloud Mammeri durant les années 1980, des chercheurs ont essayé d'élaborer des lexiques juridiques, notamment au Maroc. Mohamed Zakaria Benramdane, qui s'est spécialisé dans la lexicographie à thématique berbère, a publié chez le Haut Commissariat à l'Amazighité (HCA), trois lexiques. Il s'agit du Vocabulaire Kabyle de l'Ostéologie et de l'Orthopédie, du Lexique pratique de la Pathologie, et enfin le Lexique juridique Amazigh-Français. Ce dernier ouvrage (Amawal Azerfan), a été réalisé dans le but de familiariser le corps administratif avec la langue et le patrimoine amazighs. «J'ai tenté de donner en tamazight tous les termes et notions ainsi que les concepts consacrés par le législateur algérien. Je compte aussi enrichir davantage ce travail», dira-t-il. Le choix de l'auteur de se consacrer à la réalisation des dictionnaires est «le désir de réhabiliter une terminologie tombée en désuétude et d'enrichir le fond lexical kabyle et berbère moderne, ainsi que le besoin de réaliser des références spécialisées dans des domaines bien déterminés qu'on n'a jamais traités», explique M. Benramdane. Et de rajouter « Je mets ce lexique à la disposition du chercheur, de l'étudiant en droit, du traducteur, de l'avocat, du magistrat, du greffier, du secrétaire administratif, ainsi que tous ceux qui tiennent à trouver le terme juridique exact pour exprimer leur pensée.» Partant du souci de la précision dans la forme et le sens, le lexicographe fait face à des difficultés. «Généralement, c'est le manque des sources et de références. Nous avons aussi le problème de classement du corpus. Beaucoup de lecteurs favorisent le classement alphabétique et évitent le classement par racine qui est la spécificité de la langue berbère», note notre interlocuteur. Quant à sa méthode de recherche, elle s'articule autour des anciens écrits, dictionnaires et œuvres littéraires. Entre l'enregistrement des termes à usage quotidien, et l'usage des dictionnaires et manuels réalisés dans la période coloniale. Selon l'auteur, les sources de la langue berbère donnent un minimum de termes disponibles dans le fond lexical. Ce qui contraint le lexicographe à les enrichir, en utilisant ce fond pour donner naissance à d'autres concepts et termes.