La rencontre a permis de réitérer l'appel pour la mise en place d'une autorité indépendante de surveillance des futures échéances électorales. Face à un pouvoir qu'elle qualifie de «têtu», l'opposition est décidée à maintenir la pression pour «accélérer le processus de fin de règne d'un régime qui est dans l'impasse». Près de 500 personnes ont assisté, hier à Oran, à une conférence animée par des leaders de parti et des personnalités de l'opposition. Pour contourner toute éventuelle entrave qui pourrait se dresser pour obtenir une autorisation de se réunir, l'opposition a choisi d'organiser un meeting sous forme de «conférence régionale» du parti Fajr El Djadid (PFJ) de Tahar Benbaïbèche. Officiellement, c'est donc le PFJ qui a invité Ali Benflis, Ahmed Benbitour, Soufiane Djilali, Abdelaziz Rahabi, Nourredine Bahbouh, Djamel Benabdesselam et d'autres militants de la CNLTD pour animer la première rencontre de proximité afin de faire campagne en faveur de l'instauration d'un gouvernement de transition démocratique consensuel. La rencontre a notamment permis de réitérer l'appel pour la mise en place d'une autorité indépendante pour l'organisation et la surveillance des futures élections. Actualité oblige, Tahar Benbaïbèche a d'emblée qualifié la dernière révision du texte fondamental, en 2008, d'«assassinat de la Constitution par un Parlement illégitime». «Il faut engager en urgence un processus de transition afin de recouvrer la légalité et en finir avec les situations de vacance du pouvoir qui paralysent l'ensemble des institutions» a lancé M. Benbaïbèche, qui avait basculé dans l'opposition après avoir occupé le poste de secrétaire général et membre fondateur du RND. Lui succédant à la tribune, Ali Benflis a plaidé pour «l'élaboration d'une nouvelle Constitution consensuelle qui consacrera une vraie alternance et une transition démocratique». Il a fustigé la dernière annonce de la révision du texte fondamental dans un message du président Bouteflika lu par son conseiller, Mohamed Ali Boughazi, lors de la conférence africaine sur «L'évolution du droit constitutionnel en Afrique», organisée par le Conseil constitutionnel les 24 et 25 novembre à Alger. «C'est un écran de fumée et un moyen de diversion pour contourner la pression populaire et la revendication incessante de l'opposition de consacrer l'alternance», lance Ali Benflis, qui coordonne le Pôle du changement. «C'est une tentative inavouée de gagner du temps. Cela fait trois ans et demi qu'il annonce l'amendement de la Constitution sans pour autant passer à l'acte. Voilà un Président illégitime qui veut confectionner une nouvelle Constitution tel un costume sur mesure, pour se maintenir éternellement au trône. Ce pouvoir s'entête à ne pas admettre une évidence, c'est qu'il est en fin de règne», a-t-il martelé. «Le système basé sur la personnalisation du pouvoir est obsédé par une seule chose: se perpétuer quitte à maintenir le statu quo. C'est un pouvoir autoritaire, clanique, héréditaire et clientéliste et qui n'accepte aucune voix discordante», lance-t-il avant de dénoncer «la confiscation de la souveraineté populaire par la famille au pouvoir». «Le peuple est en train de payer la facture salée du viol de la Constitution en 2008», lance dans la foulée Benflis, qui s'élève contre «les entraves» auxquelles il se heurte dans ses incessantes démarches pour agréer son nouveau parti, le Rassemblement des libertés. «Le pouvoir nous empêche de déposer notre dossier d'agrément», a-t-il dénoncé. De son côté, l'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, a notamment appelé à «un large consensus et à une alliance des forces démocratiques pour consacrer une transition graduelle et pacifique. Seule alternative aux successions de farces électorales basées sur une fausse compétition entre des partis factices». Enfin, Ahmed Adhimi, colonel de l'ANP à la retraite, a qualifié la situation du front social de «climat insurrectionnel marqué par près de 1200 protestations populaires en une seule année» «Dans les années 1990, l'Algérie avait un seul conflit avec le Maroc. Aujourd'hui, le pays fait face à des conflits à ses sept frontières. La politique des affaires étrangères du gouvernement est passive et manque d'anticipation. La situation en Libye et au Sahel est explosive», s'alarme-t-il, avant d'estimer que «la seule solution est de tout faire pour que le pouvoir émane réellement des urnes».