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Hôpitaux : Au secours, mon patient veut me tuer !
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Publié dans El Watan le 12 - 12 - 2014

Tabassés, menacés de viol, confrontés à des gangs… Les médecins et le personnel soignant des hôpitaux affirment que la violence à laquelle ils sont confrontés devient de plus en plus critique. Ils se mobilisent pour dénoncer cette situation.
La photo de Nihad Chahla, le visage tuméfié, a fait le tour de la Toile ; une nuit de garde, la jeune résidente à l'hôpital de Aïn Taya s'est faite agresser par une proche d'une patiente. Son cas n'est pas isolé. Dans chaque hôpital, les médecins racontent leur quotidien fait de violences. Des individus armés de couteaux et sabres, qui déboulent dans un bloc opératoire du CHU de Beni Messous pour achever leur victime. Les gardes du corps d'une personnalité usant de la force pour frapper un pédiatre à l'hôpital de Belfort. Un patient qui tente d'étrangler son médecin en plein examen à l'hôpital Zmirli d'El Harrach. Des infirmières menacées de viol au CHU de Beni Messous.
Cette violence n'est pas nouvelle. En 2012, six membres d'une même famille séquestrent et tabassent un médecin au CHU Mustapha Pacha. La même année, un médecin de garde manque de perdre un œil après avoir été agressé par trois frères au service des urgences médicales spécialisées en cardiologie à l'hôpital Ibn Sina de Annaba. Tous les hôpitaux ont pourtant à leur disposition… un poste de police et des agents de sécurité. «Notre métier est suffisamment difficile pour qu'on tolère les abus signalés chaque semaine, pour ne pas dire chaque jour, affirme Sid Ahmed Kara, chirurgien depuis plus de 20 ans dans un hôpital de l'est d'Alger. Nous ne devons pas subir la violence de notre société. Nous sommes effectivement au service du citoyen, mais pas son punching ball !»
Javel
A l'image de notre environnement, l'hôpital est devenu l'épicentre de toutes les tensions. «Nos centres de soins sont traversés par l'angoisse, la pression et l'impatience. C'est l'addition de toutes ces émotions qui rend la gestion des comportements difficile. Nous ne pouvons pas accomplir notre mission qui consiste à venir en aide aux malades et à leurs familles si les conditions de sécurité ne sont pas réunies», ajoute-t-il. Les conditions de sécurité, mais aussi les conditions d'hospitalisation pour les patients confrontés au manque de confort, à l'insalubrité ou au manque de personnel qualifié.
Au centre hospitalo-universitaire de Beni Messous, des femmes se bousculent dans la chambre d'une patiente sur le point d'accoucher. Ses contractions ont commencé, l'infirmière essaie de se frayer un chemin pour accompagner la future maman jusqu'au bloc du service maternité. Une demi-heure plus tard, l'infirmière lance : «Fausse alerte !», pour calmer l'impatience des proches, déjà installées sur le lit, en train d'éplucher des oranges. «Pouvez-vous sortir de la chambre ?, demande l'infirmière. Je dois aider une autre patiente à faire sa toilette.» Dans la même chambre, Saliha, 32 ans, mère de deux enfants, vient de faire une fausse couche. «Saliha essaie de dormir mais depuis ce matin, c'est quasiment impossible avec le bruit dans les autres chambres, les portes qui se ferment mal, les odeurs de parfum ou de javel dans tout le bâtiment», énumère l'infirmière. «Elle se reposera quand elle sera chez elle, entourée de ses enfants !», objecte une voix au milieu des rires collectifs.
Le service maternité et gynécologie de Beni Messous dispose d'une centaine de lits, mais accueille l'équivalent du triple de sa capacité. En 2014, l'hôpital a enregistré 12 000 naissances, plus qu'en 2013, avec une moyenne de 25 naissances par jour. Trois projets de maternité de 150 lits chacune ont été inscrits en 2008 au profit de la wilaya d'Alger, mais aucun d'eux n'a été réceptionné à ce jour. Le chantier le plus avancé est celui de Douéra, inspecté en juin dernier par le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, qui avait exigé sa réception avant la fin 2014.
«Nos maternités dans les centres hospitaliers sont une aberration ! Il est pénible, chaque jour, de concilier les attentes d'une future maman, les soins prodigués par le personnel hospitalier et surtout les mauvaises nouvelles que nous devons parfois annoncer aux familles. Les réactions sont imprévisibles», explique Amina Houadef, obstétricienne depuis une dizaine d'années. Elle a préféré quitter les hôpitaux publics pour les cliniques privées où les choses sont «plus contrôlables et moins stressantes en termes de gestion».
Désorientés
«J'estime que dans une clinique, le risque d'agression est moindre. Je suis toujours au service de mes patientes, mais j'ai une boule d'angoisse en moins dans le ventre», confie-t-elle. Si le personnel affirme comprendre que les patients et leurs proches soient de plus en plus vindicatifs et exaspérés, s'il se dit conscient de l'assistance à apporter, la violence quotidienne reste difficile à supporter. Pour le sociologue Bachir Meftah, la violence «n'est pas plus importante qu'avant. Elle a toujours existé, mais on en parle plus aujourd'hui parce que les médecins la dénoncent dans les médias, sur les réseaux sociaux, se mobilisent et interpellent leur tutelle.»
Selon le sociologue, la gratuité des soins à l'hôpital, au nom de l'intérêt général, est une bonne chose ; elle ne devrait pas contribuer à dévaluer le personnel et entraîner un manque de considération, car c'est ce qui favorise les incivilités. «Le premier agresseur du médecin est son patient, que ce soit dans un hôpital ou dans un cabinet médical. Puis l'accompagnateur. Généralement, les incidents sont liés à un mécontentement de la prise en charge, le refus de prescription de médicaments, le nombre de jours d'arrêt de travail, un temps d'attente jugé trop long, le manque d'hygiène», explique le sociologue, qui connaît bien l'hôpital psychiatrique Drid Hocine.
Les conditions d'admission sont «intolérables», concède Salim Zoubiri, urgentiste. «Les patients arrivent désorientés, souffrants. Notre rôle premier est de leur accorder toute l'attention possible. Mais le souci, c'est que nous ne pouvons pas travailler avec un matériel défectueux et des structures vétustes. Quand un patient se présente à l'hôpital, il faut au moins qu'il arrive dans le bon service. Or, il est mal renseigné, ne trouve pas facilement les réponses avant de se présenter à son médecin traitant. D'un autre côté, nuance-t-il, il n'est pas normal qu'un patient débarque dans une pièce sans autorisation, se promène librement dans les couloirs, transporte drogues et armes, malmène un médecin sans que des agents de sécurité n'interviennent !» Salim a été agressé physiquement deux fois en onze ans de service : la première fois par un patient ; la deuxième, par un agent de sécurité qui l'a insulté parce qu'il refusait de lui donner une ordonnance.
Enterrer
«Cela a commencé par un harcèlement moral. Dès qu'il me voyait, il marmonnait et riait avec ses amis, des voyous multirécidivistes que j'ai moi-même soignés. Une semaine plus tard, il a strié ma voiture. On en est venus aux mains. Résultat : aucune plainte, donc pas de poursuites. L'administration de mon hôpital a vite enterré le dossier.» Même après un dépôt de plainte, rares sont les dossiers qui aboutissent à une réparation. Une situation qui génère un sentiment d'impuissance et la banalisation de la violence. «Nous sommes dans une conjoncture très délicate où l'absence de l'Etat pousse les gens à tous les dépassements. Si nos propres dirigeants ne se soignent pas chez nous, quelle image renvoient-ils à une population livrée à elle-même et qui n'a pour toute réponse que violence et incivilités ?» s'interroge l'urgentiste.
A chaque agression signalée, le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), présidé par le docteur Lyes Merabet, condamne et mène des campagnes de sensibilisation pour interpeller les autorités. Les réseaux sociaux s'enflamment et les médias électroniques relaient les délits et les mobilisations des médecins. «L'idée de pouvoir dénoncer à travers les réseaux sociaux des agressions subies par le personnel hospitalier encourage une meilleure organisation. Les directeurs d'établissement hospitalier se sont toujours pressés d'étouffer des affaires plus graves qu'une simple insulte ou une agression. Dans certaines affaires, il était question de viol !, affirme le docteur Kara. J'ai toujours été contre l'idée de recruter des agents de sécurité qui passent la moitié de leur temps à siroter un café ou à se prendre pour Omar Gatlato, sauf que dans le film de Merzak Allouache, Omar avait plus de dignité que ces repris de justice...»


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