Les cours ont, une nouvelle fois, plongé cette semaine. Si le baril a dévissé jeudi pour atteindre les plus bas de mai 2009, comme au plus fort de la crise, la publication hier des prévisions de l'Agence internationale de l'énergie n'ont fait qu'accentuer la chute. Le Light Sweet Crude coté à la Bourse de New York a ainsi franchi un nouveau seuil psychologique en décrochant en dessous des 60 dollars et ce dès jeudi pour atteindre 59,04 dollars hier. Le brent de mer du Nord coté à Londres lâchait hier encore 73 cents par à rapport à la clôture de jeudi pour un baril valant 62,95 dollars. Les cours sont donc bien loin d'avoir touché des seuils d'équilibre du marché. La tendance à la baisse s'installe, même si les moyennes des coûts en infra annuel constituent pour l'heure un facteur qui pourrait susciter un brin d'optimisme. Les statistiques de l'Opep publiées cette semaine démontrent ainsi une chute continue des cours des baril constituant le panier Opep. Pour le cas du baril de pétrole algérien, le Sahara blend a lâché entre octobre et novembre 2014 8,01 dollars. La moyenne mensuelle des cours pour le pétrole algérien a été pour le mois dernier de 79,60 dollars. En infra annuel, le cours moyen du Sahara blend est passé de 109,10 en novembre 2013 à 102,95 en novembre 2014. Certes pour l'heure, la moyenne annuelle des cours demeure supérieure au seuil des 100 dollars, ce qui pourrait expliquer l'optimisme des responsables du gouvernement lors de leurs sorties médiatiques. Cependant, la sérénité pourrait très vite laisser place à une inquiétude grandissante. Le fait est que les prévisions pour 2015 sont loin de rassurer. Aussi bien l'Opep que l'AIE tablent aujourd'hui sur une croissance timide de la demande dans un contexte marqué par une abondance de l'offre sur le marché. Mais bien plus que l'évolution des fondamentaux, c'est l'attitude des acteurs du marché qui risque d'avoir de l'emprise sur la courbe des prix au cours des mois à venir. Arme de destruction pétrolière massive Le fait est que le plus gros producteurs de l'Opep, l'Arabie Saoudite ainsi que ses alliés du Conseil de coopération du Golfe semblent bien décidés à pousser les prix à la baisse afin d'écarter les producteurs de pétrole de schistes. Dans cette guerre des prix, la monarchie du Golfe semble décidée à ne pas céder le pas aux producteurs américains. Selon Petrostratégies, l'Arabie Saoudite développe la thèse selon laquelle «la logique économique veut (…) que les productions les plus coûteuses cèdent le pas devant les productions moins coûteuses et qu'ainsi l'équilibre du marché soit rétabli». La publication dirigée par l'expert des marchés pétroliers, Pierre Terzian, précise aussi qu'à travers sa démarche, Riyad poursuivrait deux objectifs, à savoir la préservation de ses parts de marché, mais aussi et surtout court-circuiter les schistes américains. Un deuxième objectif qui ne serait réalisable, selon Petrostratégies, à moyen terme, autrement dit au bout de deux années au minimum. Objectif non aisé à réaliser donc. Et de poursuivre que si celui-ci venait à être concrétisé, la question se poserait de savoir comment feraient les Saoudiens pour que «la production des pétroles coûteux ne rebondisse pas par la suite, soit par une hausse des prix, soit par une baisse des coûts, ou encore par un allègement de la fiscalité ?» Une équation qui semble difficile à résoudre dans la mesure où cette guerre des prix pourrait coûter, selon les prévisions de Petrostratégies, à l'ensemble des producteurs de pétrole 1500 milliards de dollars/an, et 300 milliards de dollars/an pour les producteurs de l'Opep. Une «arme de destruction pétrolière massive», telle que décrite par la publication de Pierre Terzian, et qui devra rapidement être suivie de résultats en termes de baisse des productions coûteuses. Pari risqué donc, sans pour autant que les résultats ne soient garantis.