Les manifestations ont repris de plus belle, hier, à Hassi Messaoud où plusieurs fronts étaient ouverts. Une dizaine de chômeurs sont en grève de la faim devant l'ENSP, à leur tête Tahar Belabès, figure de proue de la CNDDC, qui a été engagé comme aide-opérateur à l'Entreprise nationale des services aux puits (ENSP) dont il aurait contesté la politique de recrutement. De l'autre côté de la ville, des jeunes venus de plusieurs quartiers ont organisé un sit-in devant la daïra, vers 9h, puis une marche de 5 km, à partir de 10h, sur l'axe principal de la ville. La procession, constituée de dizaines de jeunes, s'est ensuite dirigée vers la base-vie du 24 Février dont ils ont fermé l'accès pendant 4 heures, de midi à 16h, dans une réédition du blocage effectué une semaine plus tôt. Mais il semblerait que les forces de l'ordre avaient pour ordre ferme de ne pas laisser le blocage se prolonger jusqu'au soir. Un imposant cordon sécuritaire a encerclé les manifestants tout au long de la matinée et les agents ont demandé à ces derniers de se disperser. Devant la détermination des manifestants, les forces de l'ordre, enclines au dialogue au départ, après avoir attendu pendant presque deux heures le dégagement de la voie, se sont repliées avant de commencer à lancer des gaz lacrymogènes. Une intervention musclée assortie d'un tabassage en règle pour déloger les occupants des lieux. Les manifestants n'ont pas répondu à l'assaut jusqu'au moment où l'un d'entre eux a été atteint par un projectile à la tête. Evacué en milieu d'après-midi, le jeune homme a été admis à l'hôpital de Hassi Messaoud ou l'équipe médicale a constaté un traumatisme crânien dû à un coup porté de loin. Ce serait «une bombe lacrymogène lancée par les agents», témoigne un manifestant, qui raconte que l'intervention était violente et n'a pas laissé aux jeunes d'autre choix que de reprendre le chemin de la daïra. Une délégation de dix représentants de quartiers a été reçue, vers 17h, par le chef de daïra qui, après une heure de discussion, a annoncé une réunion en soirée regroupant la délégation des habitants de Hassi Messaoud et Ali Bouguerra, le wali de Ouargla. Pour rappel, ces manifestants ont constitué la semaine dernière un collectif appelant au dégel de la situation qui prévaut dans leur ville et la présence d'une commission interministérielle constituée de représentants des différents départements en charge du dossier de Hassi Messaoud afin de prendre des décisions concrètes. Il s'agit de militants, issus de plusieurs associations de quartier ainsi que des citoyens lambda, qui ont réoccupé la rue après avoir attendu une semaine une réponse que le wali a peut-être été chargé de leur donner, dans l'attente d'une éventuelle visite du Premier ministre, la semaine prochaine.