Fin observateur de la scène politique et analyste financier, Ferhat Aït Ali a été parmi les premiers à prédire le scénario de la chute des cours du brut en phase actuelle. Dans ses écrits, il propose des pistes de sortie de crise, à la condition d'une réelle volte-face des gouvernants, de la franchise dans la communication et de l'application en urgence de mécanismes avant tout pourrissement de la situation sur le plan social. Interrogé quant aux répercussions de la dégringolade des cours de pétrole sur le marché mondial, il estime que «les premières répercussions négatives sur le pouvoir d'achat des citoyens se feront ressentir si la Banque d'Algérie décide de procéder à une dévaluation du dinar pour pallier l'insuffisance de ressources en devises afin d'affronter la conjoncture. Cette solution peut temporairement être différée par un recours aux réserves de change. Mais si la courbe traîne en longueur, la dévaluation aura lieu». Dans le même sillage, Ferhat Aït Ali observe que «des coupes budgétaires seront réalisées d'une manière ou d'une autre. Elles auront également une répercussion, même indirecte, sur le volet social, et ceci même sans toucher aux aides et subventions directes à la consommation et au soutien des volets sociaux». Et d'expliquer : «Il est clair, par exemple, qu'un gel du recrutement dans la Fonction publique est plus que nécessaire en ce moment. Mais cela entraînera une augmentation du chômage, avec des incidences directes sur le niveau de vie général de la société. Dans l'immédiat, le gouvernement répugne à toucher aux subventions directes, alors qu'il est prouvé qu'elles sont une source de nuisance pour les couches défavorisées plus qu'un secours à proprement parler, les classes aisées étant les premières à en profiter allègrement.» Par ailleurs, l'analyste financier évoque les programmes d'habitat : «Les projets d'habitat tels qu'annoncés n'auraient de toute façon jamais été réalisés dans les quantités et les délais prévus. Le foncier étant déjà une difficile équation et le nombre d'entreprises spécialisées étant en deçà des projets énoncés. De ce fait, les budgets ne seront consommés que pour le volet relatif aux aides directes pour l'achat ou l'autoréalisation d'un logement, qui ont toujours constitué l'essentiel des programmes de logement annoncés.» Sur le même point, M. Aït Ali affirme que «pour les volets AADL et LPE, il serait étonnant de voir les demandes de 2013 satisfaites alors que celles de 2003 ne le sont pas encore. Le gouvernement maintiendra ses projets de logement ne serait-ce que sous l'angle de l'effet d'annonce, sans trop risquer sur cette question».