Il s'agit d'une décision gouvernementale qui risque d'être aussi mal accueillie que celle de la taxe sur l'achat des véhicules neufs. La décision de dissoudre les Eplf a provoqué de vives réactions. Des souscripteurs, des cadres des entreprises concernées s'inquiètent de leur sort. Ces derniers n'ont pas saisi le motif de cette décision. «Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement veut dissoudre les entreprises alors qu'elles ne sont pas déficitaires», ont indiqué des cadres de différentes filiales. Sur les 19 Eplf qui opèrent à l'échelle nationale, aucune n'a déclaré faillite. «Nous n'avons pas été associés au programme de réalisation du million de logements», assurent les représentants des Eplf. Abordant le sujet lors de son déplacement, le semaine dernière à Béjaïa, le ministre de l'Habitat, Noureddine Moussa, avait expliqué: «Dans leur forme actuelle, les Eplf n'ont pas contribué pour beaucoup dans la réalisation du million de logements.» Le ministre a estimé que «leur contribution a été limitée, marginale», c'est pourquoi il a été décidé, selon lui, de «mettre fin à cette situation, en préservant, bien sûr, le patrimoine de ces entreprises et également leurs travailleurs». L'information selon laquelle les Eplf seraient dissoutes ne date pas d'aujourd'hui. Elle remonte déjà à quelques semaines. Il s'agit en fait d'une décision gouvernementale qui risque d'être aussi mal accueillie que celle de la taxe sur l'achat des véhicules neufs. Bien avant l'arrivée de l'actuel ministre à la tête du secteur, les cadres des Eplf avaient déjà exprimé leur volonté de participer à la réalisation du million de logements annoncé par le chef de l'Etat en 2004. Selon ces responsables, aucune réponse ne leur a été donnée. Ils persistant et signent qu'ils n'ont jamais été sollicités par le département de l'habitat pour participer à la réalisation du chantier. «Nous avons manifesté notre intérêt de participer à la construction des logements, mais nous n'avons eu aucun quota», précise l'un des responsables qui s'interroge sur le timing de cette restructuration. Allant dans plus de détails, nos interlocuteurs ont relevé le caractère des entreprises de promotion de logement familial (Eplf), dont les actifs sont détenus à 100% par l'Etat. «Nous sommes des entreprises à caractère commercial, nous n'avons pas été créées pour faire du logement social», ont-ils souligné. D'autant plus que ces entreprises, poursuivent-ils, ne relèvent pas du ministère de l'Habitat mais plutôt des Sociétés de gestion et des participations (SGP) qui sont sous la tutelle du ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements. «Nous n'avons aucune relation avec le ministère de l'Habitat, ce dernier devait s'adresser directement aux SGP au lieu d'apostropher les entreprises», expliquent les cadres de ces sociétés. Ces derniers ne comptent pas garder le silence et envisagent de contester cette décision pour protéger leurs entreprises. «Nous n'accepterons pas d'être les boucs émissaires», ont-il martelé. «Pourquoi dissoudre ces entreprises alors que le secteur de la construction a besoin de promoteurs?», se demandent-ils. Pour eux, il n'y a pas d'autre explication que celle de vouloir casser le secteur public au profit du privé. Selon les informations recueillies auprès de ces entreprises, plus de 25.000 logements sont en cours d'études et de réalisation. Ces chantiers seront-ils arrêtés? La dissolution des EPLF entraînera automatiquement l'arrêt des projets. C'est pourquoi les souscripteurs s'inquiètent et expriment leur colère. Cette décision va également affecter des entreprises étrangères qui se sont associées avec plusieurs de ces entreprises nationales pour la construction du logement familial. La dissolution des Eplf outre de ne pas être une tâche facile, est-ce réellement la solution?