Le dernier survivant du tragique accident survenu en date du 25 juillet dernier à Oum El Bouaghi, Soltane Belkacem, 14 ans, vient de succomber à ses blessures hier (vendredi) à 6h au service des brûlés de l'hôpital de Constantine. Cet accident malheureux qui a déjà coûté la vie à trois personnes, dont un enfant âgé à peine de 4 ans, n'a eu de cesse de défrayer la chronique locale. Boudjemaâ Belkacem, 54 ans, un handicapé moteur, accompagné de ses deux enfants, Choukri, 4 ans, et Soltane, 14 ans, aurait été percuté par un motocycliste, Allègue Lyès, 24 ans, transportant un bidon d'essence. Ce fut le brasier, donc le drame. Les quatre personnes seront la proie du feu. La famille des victimes Belkacem, suite au refus des services d'urgence de l'hôpital de Constantine de procéder à la prise en charge et à l'admission des blessés transférés en urgence par ambulance à partir de l'hôpital Mohamed Boudiaf d'Oum El Bouaghi, a déposé une plainte au motif de manquements graves, tels le refus d'assistance, le refus de prodiguer des soins à des blessés gravement brûlés, mais surtout le refus d'autoriser leur admission. Restés à même le couloir des services d'urgence, Boudjemaâ et Choukri décèdent après un peu plus de trois heures d'attente dans l'indifférence la plus totale. Une mort qui n'a pas manqué d'horripiler et de révolter la famille des victimes ainsi que les infirmiers et le médecin qui se sont occupés du transfert depuis Oum El Bouaghi. Les déclarations mal placées du médecin de garde avaient offusqué plus d'un. Devant l'affliction manifeste en pareille circonstance, il a motivé son refus d'autoriser l'admission des blessés en déclarant avec colère : « Pourquoi nous ramener de tels malades, allez voir du côté des autres hôpitaux à Batna, Khenchela ou Aïn M'lila ? », selon les propos des proches des victimes que nous avons rencontrés hier (vendredi). La réponse des parents endeuillés a suscité un grand tollé qui a vite fait de convaincre le médecin de garde de hâter l'admission des deux autres malades. Allegue Liés devait, quant à lui, périr des suites de ses blessures lundi dernier. Soltane Belkacem venait pour sa part de subir l'amputation d'une main que les membres de sa famille remettent en cause aujourd'hui car, disent-ils, « il nous a été demandé de signer un document pour l'amputation des doigts et non de toute la main ». Ils s'étonnent de sa mort subite alors que son état s'améliorait. Les Belkacem comptent joindre ces éléments nouveaux à la plainte déposée en date du 26 juillet auprès des services de la 3e sûreté urbaine de Constantine ; ils déclarent en outre que « les justifications avancées à la presse par le directeur du CHU restent sans fondement aucun du fait que les témoins du déroulement des événements sont nombreux ». De fait, l'on comptera parmi ces témoins un agent de police, des citoyens présents ce jour-là, ainsi que le staff médical qui avait accompagné les victimes durant leur transfert, soit deux ambulanciers, deux techniciens infirmiers et un médecin. Ces derniers ont établi à l'attention des services de police un rapport consignant les éléments en détail de cette malheureuse affaire. Le directeur du CHU, après avoir ouvert une enquête interne, signalera bien évidemment au passage le manque de moyens et de personnel qu'accuse le service incriminé . Il conclura, accusant les infirmières et les femmes de ménage du service des brûlés d'être à l'origine des allégations soulevées par la famille des victimes, accusation qui a été publiée dans les colonnes de la presse locale. Loin des ragots et autres commérages, la justice saura trancher sans appel dans ce terrible drame.