Alors que la protestation enfle à In Salah et enflamme toute la région du Tidikelt en dépit des vaines tentatives et appels au calme, les habitants d'In Guezzam, eux, se sont élevés contre la crise et la pénurie de produits pétroliers qui sévissent dans leur municipalité. L'essence, le gasoil et le gaz butane sont absents des stations-service. Les habitants, qui ont interpellé leur édile à maintes reprises, indiquent que cette situation dure depuis des lustres, en «l'absence d'une stratégie de distribution adaptée aux spécificités de cette région livrée sciemment à la contrebande et aux réseaux mafieux». Les retards enregistrés dans le ravitaillement des stations-service de la commune ont exacerbé ce problème qui ne profite qu'aux spéculateurs et intermédiaires ingrats.Selon nos sources, le prix d'une bonbonne de gaz, disponible uniquement sur le marché informel, s'élève à 1600 DA, soit huit fois son prix initial. Le carburant, devenu un produit de luxe, se fait rare dans la région, pendant que des quantités importantes sont exportées frauduleusement vers le Niger. «Un fût de 200 litres d'essence est cédé à 12 000 DA au lieu de 4314 DA suivant le tarif de Naftal. Les autorités sont au courant, mais elles ne peuvent rien faire pour réguler ce marché géré par des barons de la contrebande. On a signalé ce problème au wali, mais aucune solution n'a été apportée, au grand dam des habitants. Ici, le marché parallèle est un passage inévitable pour s'approvisionner en carburant et surtout en gaz butane, si l'on veut réellement s'affairer autour du fourneau et éviter de prendre son mal en patience», nous a confié Taguida Bassi, président de l'Association pour la protection des consommateurs à In Guezzam. Le laisser-aller des autorités compétentes, explique notre interlocuteur, est à l'origine de cette crise aiguë. De son côté, le président de l'APC d'In Guezzam a, lors de son passage à la radio de l'Ahaggar, appelé les autorités compétentes à revoir à la hausse les quantités de carburant et de gaz destinées à la région. «Les quantités de gaz livrées ne répondent plus aux besoins des habitants de cette contrée, caractérisée par un temps glacial et des tempêtes violentes en cette période hivernale», a-t-il indiqué. Dernièrement, 1300 bouteilles de gaz ont été distribuées, mais nombre de demandeurs sont revenus bredouilles. «Nous avons saisi la direction de l'énergie de Tamanrasset pour qu'elle prenne les mesures adéquates, entre autres l'augmentation du quota d'In Guezzam en matière de gaz butane. La demande est en cours d'étude, a-t-on expliqué. Entre-temps, nous avons proposé de renforcer provisoirement le transport de Naftal par les camions du parc de la commune dans le but de satisfaire la demande locale, et ce, en attendant la mise en place du nouveau plan d'approvisionnement et de distribution des produits pétroliers dans cette collectivité frontalière», ajoute le président de l'APC. Pour mémoire, le même scénario est vécu quotidiennement à Tinezaouatine et Tamanrasset, où l'on constate de longues processions de citoyens à la recherche de gaz butane.Une situation qui perdure depuis près d'un mois au vu et au su de tous les responsables locaux. Ces derniers n'ont, malheureusement, pas daigné bouger le petit doigt.