Toutes les conditions étaient réunies hier au niveau de la commune de Aïn El Hadjar, à quelques kilomètres à l'ouest de Bouira, pour une émeute comme on n'en a jamais vu jusqu'ici au sein de cette municipalité. Près de neuf cents manifestants venus tôt le matin des trois localités Ehimet, Beni Okba et El Maâmir. Porteurs des trois principales revendications : le transport, notamment scolaire, l'AEP et la construction d'une route, les citoyens en colère, qui comptaient parmi eux un nombre important de collégiens et de lycéens, avaient d'abord assiégé les bureaux de l'apc dont ils ont, entre 9h et 11h, bouclé la porte qui en commande l'entrée. Lorsqu'il a été établi, après réception de la délégation d'une dizaine d'entre eux, que le wali qu'ils ont demandé à voir ne se déplacera pas sur les lieux pour les écouter, autant que le chef de daïra de Aïn Bessem qui a fait savoir qu'il était prêt à les entendre mais dans son bureau, les manifestants, outrés, ont spontanément quitté le siège de l'APC pour occuper la RN 18. Coupant cet axe qui relie Bouira à Aïn Bessem en plusieurs points, avec des blocs de pierre et surtout des pneus auxquels ils ont mis le feu, ils ont espéré faire ainsi pression sur la seule autorité jugée digne d'être informée de la situation qui prévaut au niveau des trois localités : le wali. Mais celui-ci avait déjà répondu par la négative, par la voix du chef de cabinet contacté par téléphone par les autorités locales. De toute évidence, les problèmes posés dépassent de loin la compétence des élus locaux qui héritent de cette situation créée au temps de l'ancienne équipe et qui relève de celle des trois directeurs d'exécutif de la wilaya : le directeur des travaux publics, le directeur de l'hydraulique et le directeur des transports dont on attendait l'arrivée sur les lieux dans la matinée. Les demi-solutions offertes à la délégation par ces élus n'ont pas satisfait les manifestants qui, aussitôt qu'ils ont été convaincus que le wali ne se rendra pas sur place pour prendre connaissance de leurs doléances, se sont sur-le-champ transformés en émeutiers. Notons que c'est la troisième fois que les citoyens de ces trois localités se donnent rendez-vous devant le siège de l'APC pour une action de protestation. Mais en nombre fort réduit, ils avaient les deux autres fois privilégié le dialogue avec les autorités. Aux problèmes de transport, d'eau potable et de route, se greffent d'autres de moindre importance comme le gaz de ville, la cantine scolaire, l'aide à l'habitat rural et l'électrification pour certains hameaux. Vers 14h, les brigades antiémeutes, intervenant en force, ont rouvert la voie au trafic et dispersé les manifestants.