Nous avons tous observé avec dépit la prolifération ces deux dernières années des sites de constructions illicites, qu'il s'agisse de bidonvilles ou de villas cossues, ceci à contre-sens des efforts consentis par l'Etat pour la résorption de l'habitat précaire. Le phénomène est visible aux quatre coins de la ville et des « niches » de gourbis ou de constructions batardes se sont incrustées y compris au centre-ville ou dans des quartiers comme les Combattants. La facilité avec laquelle agissent les contrevenants est déconcertante et n'a d'égale que l'absence de l'Etat, voire la complicité de certains services. Dans ce cas, la responsabilité de la commune de Constantine est nettement établie. Dans un rapport adressé au wali, six élus dissidents (voir nos éditions du lundi et mardi) ont désigné le président de l'APC, Seifeddine Rihani, comme premier responsable de ce gâchis urbanistique et architectural, presque irréversible. Les secteurs urbains de Ziadia, Les mûriers, El Gammas, Boudraâ Salah et Sidi Rached, sont particulièrement livrés au massacre, relèvent les signataires du rapport.Abdelouahab Souissi, Toufik Laâroussi, M.D. El Hachemi Maârouf, Tahar Nouar, Moudir Barka et Sihem Kharief affirment que «selon les informations, les services des délégations communales ont saisi le président de l'APC et son adjoint chargé de l'urbanisme, pour prendre une décision à ce sujet, mais le président et son adjoint ont encouragé les propriétaires de ces constructions en leur délivrant des autorisations de branchements à l'électricité et au gaz, ce qui a favorisé l'apparition de ces sites, en dépit des instructions du wali». Pis encore, ce phénomène accéléré depuis l'installation de cette assemblée, s'inscrit en porte à faux de la politique de l'Etat et des instructions du président de la République pour son éradication, explique les dissidents.La complaisance communale à l'égard de ces constructions s'explique par la priorité donnée aux intérêts étroits sur l'intérêt général de la ville de Constantine. Une forme de trahison suprême que des individus à la vision très limitée ne peuvent comprendre. Le rapport cite d'autres exemples de violation qui participent à la défiguration du visage de Constantine. Il en est ainsi d'un café, portant le nom de «Pacha», dont le propriétaire a eu l'autorisation de transformer le toit de la part du maire qui a ignoré l'avis défavorable de la commission du patrimoine. Idem pour la transformation du café du Bosphore en vulgaire magasin de vêtement, contre l'avis de la majorité ou encore l'autorisation accordée à un habitant de la rue Benmeliek pour ouvrir deux locaux de commerces à la place de son habitation donnant directement sur la rue, moyennant la destruction de murs et la mise en danger de déstabilisation de l'immeuble. Deux autres cas, et pas des moindres, sont cités pour illustrer l'irresponsabilité du maire et son adjoint. Il s'agit d'abord de la station d'essence située en face du stade chahid Hamlaoui, où le propriétaire a procédé à sa guise à des opérations d'extension et de construction sans respect des normes techniques.Ensuite, il y a ce locataire d'un café à la cité du 5 juillet, qui a repris, impunément des travaux d'extension, contre l'avis communal et malgré une première mesure de démolition.