C'est une véritable malédiction qui semble poursuivre la diplomatie française au Moyen-Orient. Plus particulièrement au Liban, terre proclamée, semble-t-il, d'influence traditionnelle française. Un Liban pour la défense duquel la France n'a pourtant pas remué le petit doigt durant les interminables trente-trois jours de bombardements sionistes assassins et destructeurs. Un Liban vis-à-vis duquel la France semble privilégier depuis des années, la diplomatie « des copains et des coquins » dans les salons huppés de la capitale, sur celle de la vraie diplomatie d'Etat à Etat. Une attitude encouragée, il est vrai, par ce grouillement caractéristique dans Paris de toute une faune de demi sel politico-financiers arabes – dont beaucoup de Libanais — ; une faune aussi aventureuse que versatile, aussi prétentieuse qu'éloignée de son peuple et où, — entre gens du même monde – on parle moins de vraie géopolitique que d'opportunités d'affaires à coups de millions de dollars ; des affaires parfois réelles mais le plus souvent mirobolantes et mafieuses, et où l'alcool coule encore plus à flots que les pétrodollars. C'est dans cette espèce de théâtres d'ombre enfumés et embués, véritables bourses au renseignement, que certains « amis traditionnels de la France » se font recruter consciemment ou non, comme auxiliaires de la diplomatie française au Liban ou ailleurs et finissent par « se laisser convaincre » qu'ils sont investis d'une mission pour « sauver leur pays »…Ici, pour sauver le Liban. Autant que possible de loin, comme cela vient d'être le cas par exemple pour ce golden boy gommeux et arrogant, qu'est Saâd Hariri qui se trouvait, semble-t-il, en visite privée chez son parrain, – si on peut dire – M. Chirac, pendant que le Hezbollah faisait face, durant tout le mois qu'ont duré les bombardements criminels et dévastateurs de l'armée sioniste sur le Liban. Et c'est ce même monsieur Saâd Hariri qui vient insolemment aujourd'hui, sommer le Hezbollah d'avoir à désarmer ! Il est vrai, que c'est ce grand échalas maladroit qui dirige la Syrie qui lui en a fourni le prétexte en cherchant par ses déclarations inopportunes et stupides à s'associer à moindres frais, à la victoire du Hezbollah sur l'armée sioniste. On a comme l'impression irréelle d'assister aujourd'hui à la poursuite outre-tombe du combat entre Rafik Hariri et Hafed El Assad, prolongés ici-bas, par leurs pâles héritiers. Curieusement d'ailleurs, voici qu'un troisième larron héritier entre en lice en la personne de Walid Joumblat, emboîtant le pas à Saâd Hariri en y ajoutant sa proposition d'intégrer le Hezbollah dans l'armée libanaise, alors qu'il venait précisément d'accuser ce même Hezbollah d'être un parti lige, agissant pour le compte de l'axe Damas-Téhéran. C'est assez souligner l'incohérence et l'insuffisance de toute cette gent de supplétifs inconsistants, par le truchement desquels Paris croit mener à bien ses desseins diplomatiques arabes. Des desseins, au demeurant, devenus tout à fait obsolètes, du fait d'abord des nombreux changements de donnes dans cette région du monde, changements dont seuls les stratèges du Quai d'Orsay semblent ne pas s'en être aperçus. Du fait ensuite, des pressions sur la diplomatie française des lobbies atlantistes et surtout sionistes qui ont fini par vider complètement de son essence, la soi-disant amitié franco-arabe qui n'existe surtout qu'à travers des visites purement touristiques ou protocolaires ici ou là, ou à travers des copinages d'affaires dont les scandales financiers retentissent régulièrement dans l'actualité judiciaire. Reste l'espoir pour la diplomatie française de prendre enfin la mesure exacte des profonds bouleversements sociopolitiques en cours dans les pays arabes et qui vont être exacerbés par la victoire de la résistance libanaise dirigée par le Hezbollah. Une victoire dont le corollaire implicite est la fin annoncée et définitive du mythe de l'invincibilité de l'armée sioniste. Une armée sioniste qui vient de faire preuve de son essence foncièrement raciste et criminelle et qui finira tôt ou tard par répondre des chefs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité dont elle est unanimement reconnue coupable. L'autre espoir, c'est celui de voir sous peu, le peuple des Etats-Unis d'Amérique enfin débarrassé d'une équipe de néo-conservateurs fanatiques et aventureux, corrompus et criminels, tombés sous les fourches caudines de gourous d'obédience sioniste et de leurs fantasques théories messianiques et eschatologiques. Une équipe de néo-conservateurs, c'est-à-dire de chrétiens sionistes dont l'ignorance des versatilités de l'Histoire et l'ivresse de puissance les a conduits à prétendre remodeler la carte du Moyen-Orient… A l'instar des nazis qui voulaient eux, changer la carte de l'Europe mais dont on voit aujourd'hui, certains de leurs descendants – ou descendants de leurs victimes juives – comme M. Frank-Walter Steinmeier, ministre allemand des Affaires étrangères, devenir un commis voyageur patenté au service de l'Etat sioniste… Le dernier espoir, enfin, ce serait de voir s'amplifier le rejet des régimes politiques illégitimes des pays arabes – et ils le sont tous, sans exception – grâce à cet énorme sursaut de dignité provoqué au sein du petit peuple par la victoire de la Résistance libanaise sur une armée réputée invincible, colonne centrale d'un Etat greffon fondé sur la haine des autres et dont on perçoit déjà à travers la presse israélienne elle-même, les signes avant coureurs de l'inexorable décadence matérielle et morale. A. D.