L'Iran doit répondre formellement demain à une offre des grandes puissances pour qu'il suspende son enrichissement d'uranium, qui lui fait courir le risque de sanctions de l'ONU, mais le porte-parole de la diplomatie iranienne a exclu hier que Téhéran se plie à cette demande. « La question de la suspension est un retour au passé et n'est pas au programme de la République islamique », a dit Hamid Reza Assefi dans son point de presse hebdomadaire. L'offre a été présentée le 6 juin par les 5 membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l'Allemagne. Elle propose à l'Iran des mesures de coopération dans les domaines nucléaire et économique, avec par exemple l'aide à la construction de centrales nucléaires à eau légère, ou encore un soutien à la candidature de la République islamique dans l'Organisation mondiale du commerce. Mais la condition à l'ouverture de négociations sur ces thèmes est notamment la suspension de toute activité d'enrichissement d'uranium et la reprise d'une coopération élargie de Téhéran avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Si Téhéran obtempère, les grandes puissances s'engagent dans un premier temps à suspendre toute action au Conseil de sécurité sur le programme nucléaire iranien. La réponse des Iraniens s'étant fait attendre, les grandes puissances, qui avaient donné « quelques semaines » à Téhéran pour faire état de ses intentions, ont obtenu le 31 juillet une résolution du Conseil. Cette résolution 1696 donne à l'Iran jusqu'au 31 août pour se plier à leur demande. A défaut, le conseil étudiera l'adoption de sanctions pour l'y contraindre. Les Etats-Unis, en pointe sur le dossier, n'ont jamais exclu une éventuelle option militaire pour forcer Téhéran à obtempérer. En attendant, ils pèseront de tout leur poids pour « agir très rapidement, début septembre, pour un débat au Conseil de sécurité sur des sanctions », a averti jeudi le numéro trois de la diplomatie américaine, Nicholas Burns. Mais Téhéran avait indiqué dès début août qu'il n'entendait pas obéir à cette injonction. Mercredi, le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, a rappelé que l'Iran jugeait la résolution 1696 « illégale et politique et ne lui accordait aucune valeur ». Les perspectives d'un accord sur l'offre des grandes puissances ne sont pas plus brillantes. Evoquant cette dernière, M. Mottaki a ainsi déclaré que l'Iran « ne voit aucune logique dans l'application d'une suspension (de l'enrichissement d'uranium) et est prêt à expliquer et exprimer sa position à ce sujet à l'autre partie ». Téhéran exige ainsi que la suspension de l'enrichissement constitue un sujet de négociation, alors que les grandes puissances rejettent fermement cette éventualité. Elles craignent que les Iraniens utilisent ce procédé, qui permet d'obtenir le combustible pour une centrale nucléaire, afin d'acquérir l'arme nucléaire. La crise avait commencé l'été dernier quand l'Iran a annoncé avoir repris le procédé de conversion d'uranium. Elle s'est accentuée depuis avec la reprise des activités d'enrichissement en janvier, puis avec l'annonce le 11 avril que les scientifiques iraniens avaient obtenu de l'uranium enrichi à un taux de 3,5%. Peu après avoir reçu l'offre des grandes puissances, les responsables iraniens avaient annoncé qu'ils donneraient leur réponse le 22 août. Le choix de cette date peut être symbolique, les Iraniens fêtant ce jour-là l'anniversaire de la révélation à Mohamed (QSSSL) de sa mission prophétique. Mais des sources diplomatiques étrangères à Téhéran supputent que ce délai ait été mis à profit pour pouvoir annoncer de nouveaux progrès dans le programme d'enrichissement ou la construction du réacteur nucléaire d'Arak. Aussi, certains observateurs considèrent que l'Iran est prête même à faire face à toute éventualité. D'où, mentionne-t-on, les manœuvres militaires ordonnées au début de le semaine par le commandement de l'armée iranienne. A ce propos, l'on signale que Téhéran a testé hier un missile terre-terre au second jour des manœuvres militaires « frappe de Zolfaghar », destinées justement à préparer l'armée iranienne à toute menace extérieure. Le missile tactique Saegheh (foudre), qui a une portée de 80 à 250 km, a été construit en Iran et amélioré dans les industries de défense iraniennes, selon la télévision. Dix missiles de ce type ont été tirés dans la région de Kashan, située à environ 200 km au sud de Téhéran. « Les missiles améliorés Saegheh ont été testés avec succès aujourd'hui. Ces missiles, ainsi que des missiles terre-mer, construits localement avec une portée considérable et une grande précision, permettront de faire face à n'importe quelle menace », a déclaré le général Kioumars Heydari, porte-parole des manœuvres. Ces manœuvres se déroulent dans 16 provinces du nord, nord-ouest, sud et sud-est du pays.