Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a révélé, hier à Alger, que le gouvernement «a donné son aval» pour la création d'un observatoire national de lutte contre l'extrémisme religieux en Algérie. A ccusé régulièrement de faire le dos rond face à la propagation de l'extrémisme religieux et autres incursions récurrentes de discours radicaux portés par leurs représentants patentés en Algérie, l'Etat semble vouloir siffler la fin du laxisme. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a révélé, hier à Alger, que le gouvernement «a donné son aval» pour la création d'un observatoire national de lutte contre l'extrémisme religieux en Algérie. «Le gouvernement a approuvé la demande du ministère concernant la création d'un observatoire national de lutte contre l'extrémisme religieux en Algérie», a révélé hier le ministre à la presse, en marge de l'ouverture des travaux de la conférence nationale des cadres des affaires religieuses. Mohamed Aïssa a précisé que le projet de cette nouvelle institution sera concrétisé «très prochainement». Cet observatoire devra, selon lui, regrouper des cadres de plusieurs ministères, dont les Affaires religieuses, l'Education nationale, la Culture et l'Intérieur. Il aura pour missions, entre autres, «l'analyse des phénomènes liés à l'extrémisme religieux, la mise à nu des plans élaborés en la matière et la proposition de solutions idoines». Mohamed Aïssa en veut d'autant plus que «certaines parties exploitent les espaces éducatifs, culturels et ceux pour jeunes en vue de faire passer des idées qui prônent l'extrémisme religieux». Bien que le ministre se soit gardé de nommer ses cibles, il est aisé de deviner qu'il parlait des partisans du wahhabisme dont la conception très rigoriste de l'islam fait tache d'huile ces dernières années en Algérie. Le ministre des cultes vient ainsi de donner un contenu à ses incessantes mises en garde contre certains courants de pensée importés tout droit du golfe arabo-persique et qui envahissent l'espace religieux en Algérie. Sous la loupe de l'observatoire Mohamed Aïssa, de par ses positions aussi courageuses que tranchées, ne s'est pas fait prier pour dire clairement ce qui est attendu de cet organisme : «La création de cet observatoire a pour objectif la préservation de la nation à travers la protection de ses références religieuses nationales fondées sur le rite malékite.» Il y a donc clairement une prise de conscience du gouvernement sur la gravité du phénomène «d'interférence» religieuse qui se décline dans les mosquées, les lieux de culte non contrôlés, mais aussi dans les établissements scolaires et culturels. Aussi, la création de cet observatoire s'apparente-t-elle à une riposte du ministère des Affaires religieuses au sermon pas très malékite de certains «chouyoukh cathodiques» qui ont le vent en poupe chez les téléspectateurs de certaines chaînes privées. Faut-il rappeler que Mohamed Aïssa a invité, il y a quelques jours, les chaînes de télévision privées algériennes, entre guillemets, à se garder d'inviter certains prédicateurs prêchant l'extrémisme. Il leur a même suggéré de consulter son ministère avant de faire appel à certains apprentis muftis pour le moins controversés. Cela étant dit, il faut espérer que ce ne sera pas juste une structure de plus alors qu'il y a déjà une inflation d'observatoires, de conseils et de commissions qui consomment des budgets pour rien ou presque.