La zone industrielle de Rouiba compte 135 entreprises employant 35 000 personnes et la réaction des syndicats démontre leur attachement à leurs idéaux de défense des droits du monde du travail. Avant-hier, la plupart des participants à la réunion de l'instance exécutive de l'union locale (18 000 adhérents) étaient favorables à une action de rue. Qu'est-ce qui a poussé les syndicalistes de la zone industrielle de Rouiba à sortir de leur silence, hier, et à aller jusqu'à menacer de faire descendre les travailleurs dans la rue ? Leur sortie était-elle spontanée ou n'est qu'une suite de la lutte des clans qui semble faire rage dans le sérail sur les choix économiques à imposer au pays dans les années à venir ? Le gouvernement va-t-il répondre aux exigences des travailleurs et préserver les entreprises publiques nationales ? Telles sont les questionnements que d'aucuns se posent après les déclarations, avant-hier, des cadres syndicaux de la zone. Pour ceux qui connaissent ce pole industriel qui compte 135 entreprises employant 35 000 personnes, la réaction des syndicats démontre leur attachement à leurs idéaux de défense des droits du monde du travail. Certains disent avoir été surpris par le silence affiché par les pouvoirs publics et le premier responsable de l'UGTA quant aux déclarations faites il y a dix jours par le président du FCE, qui souhaite voir les privatisations s'étendre à tous les secteurs, sauf celui de la défense. «Nous ne voulons plus entendre parler de privatisations. Celles qu'on a menées n'ont rien donné», répond le secrétaire général de l'union locale UGTA, Mokdad Messaoudi. «Nous ne savons pas qui décide dans ce pays. D'une part on nous dit que l'Etat va soutenir les entreprises publiques, alors que dans la réalité c'est le contraire qui se fait», s'offusque-t-il, avant de dénoncer les manœuvres visant le sabotage des de la SNVI. Selon lui, des tonnes de pièces importées par cette entreprise sont stockées au port depuis 11 mois, faute d'application des procédures d'exonération de charges par les Douanes. Le conseil des participations de l'Etat (CEP) a chargé, en novembre dernier, le ministère des Finances d'instruire les Douanes pour la levée du gel sur les importations de la SNVI, mais cette décision est restée lettre morte. Les syndicalistes chargent Amar Ghoul Un syndicaliste de l'entreprise, M. Benmiloud, affirme que les pièces importées par Mercedes sont dédouanées en un temps record. Cette politique de sabotage aurait débuté depuis la nomination de Amar Ghoul à la tête du ministère des Transports. Ce proche du clan Bouteflika nourrit une haine sans limite pour le secteur public. «C'est lui a provoqué la faillite de Sonatro. Il a ramené des Japonais et des Chinois pour réaliser l'autoroute Est-Ouest alors que Sonatro était leader dans le domaine. Aujourd'hui, il veut couler la SNVI», rappelle un syndicaliste avec amertume. «Comment interpréter le fait que l'Etusa a suspendu ses achats de bus auprès de la SNVI juste après son arrivée au ministère des Transports», s'interroge-t-il. Là aussi, la décision du CEP, dont nous détenons une copie, est restée sans suite. Le département d'Amar Ghoul était chargé d'enlever les bus en souffrance et de procéder à leur paiement avant le 31 décembre 2014... Ces anomalies, qui traduisent la volonté nourrie par des parties occultes de liquider la SNVI, suscitent la colère des travailleurs. Avant-hier, la plupart des participants à la réunion de l'instance exécutive de l'union locale (18 000 adhérents) étaient favorables à une action de rue. «L'UGTA c'est nous. Pas celle qui apporte son soutien au pouvoir. Nous n'accepterons jamais que nos entreprises soient bradées», tonne un syndicaliste, qui rappelle qu'aucune entreprise n'a été privatisée dans la zone. Les travailleurs vont-ils passer à l'action si aucun décideur ne répond au patronat au sujet de la privatisation ? L'avenir nous le dira.