La fédération des éleveurs de bovins dans la wilaya de Tizi Ouzou ainsi que des collecteurs de lait ont organisé jeudi dernier une rencontre conjointe avec l'Union de wilaya UNPA (Union nationale des paysans algériens), pour rendre publics les problèmes qu'ils rencontrent dans cette activité agricole. Les principales revendications évoquées lors de cette rencontre tenue à la maison de la culture sont notamment la nécessité d'augmenter le taux des subventions de l'Etat, actuellement de 12 DA/L, accordées pour cette catégorie d'agriculteurs, afin d'équilibrer leurs revenus. Sans quoi, estiment les animateurs de la rencontre, ce serait l'endettement exponentiel, la faillite, voire la disparition rapide de cette activité de montagne, pourtant névralgique non seulement pour la wilaya, mais aussi pour le pays en général, clament-ils. Les mêmes producteurs ont dénoncé dans ce contexte la «main basse» de barons de l'aliment du bétail, malgré que ces derniers n'aient aucune relation avec une telle activité, tout en interpellant les hautes autorités du pays à «mettre un terme aux importations effrénées» des produits dont ils estiment pouvoir toujours réaliser des excédents. Ils pensent qu'il est inadmissible qu'une botte de paille de 10 kg leur soit vendue 1080 DA, tandis que le lait cru leur est acheté à 34 DA le litre, avec tout son contenu bénéfique (matières grasses et autres vertus) pour être revendu épuré de ces matières (beurre) à plus 70 DA le litre. Pour dire que la botte de paille coûte 30 fois plus que le prix d'un litre de lait cru de vache… Dans un courrier ouvert au président de la République, les éleveurs qualifient de «condamnation à mort» de leur activité par ceux-là mêmes qui détiennent les rênes de ce qui est appelé «Régulation des produits agricoles de large consommation», grâce à la «cagnotte de trois milliards de dollars» qui leur a été destinée afin de «relancer l'agriculture par la réorganisation des filières et la rénovation des circuits». Ils considèrent la confiance placée en ceux qui distribuent et exploitent des concessions incontrôlées des terres agricoles et des espaces utiles comme une remise d'un «chèque en blanc» entre leurs mains. Ce qui leur permettrait d'y opérer des «spéculations susceptibles de remettre en cause l'existence même du cheptel de notre région, réputée pour la production de viande et de lait». Les éleveurs s'interrogent dans leur courrier : «Comment peut-on gagner la bataille de l'indépendance alimentaire pour notre pays et lui assurer une autosuffisance si nous ne pouvons même pas nourrir nos vaches ?». Avisant leurs adhérents qu'une réunion sera tenue demain, dimanche, au siège de l'UNPA à Tizi Ouzou, les organisateurs de la réunion comptent tenir une autre rencontre jeudi prochain à l'Institut (ITMAS) de Boukhalfa, où ils décideront encore de la nécessité ou non, une semaine plus tard (jeudi 19 mars), d'une «marche régionale», toujours à Tizi Ouzou, qui regrouperait des éleveurs et producteurs de viande et lait de plusieurs wilayas du pays, notamment du Centre.