La consécration des droits des Algériennes passe par l'abrogation du code de la famille. C'est la conviction du RCD, réitérée, par son président, Mohcine Belabbas, à l'occasion de la célébration, aujourd'hui à Alger, de la Journée internationale de la femme. «Les femmes doivent s'organiser et se mobiliser pour la consécration des mêmes lois civiles pour tous et donc l'abrogation du code de la famille», a-t-il lancé, en invitant les militantes du parti à consentir des efforts supplémentaires pour redonner à la femme algérienne la place qui devrait être sienne dans la société. Relevant les insuffisances des politiques du pouvoir, le leader du RCD exhorte les femmes à sortir «du folklore imposé par le pouvoir». «Si la société dans son ensemble doit se mobiliser contre ces injustices. La femme doit se projeter à assumer un rôle politique, social et économique, au même titre que l'homme», précise-t-il. Mohcine Belabbas met l'accent sur les échecs des réformes gouvernementales engagées depuis 2011 qui n'ont pas mis un terme, selon lui, à la limitation du champ d'action de la femme algérienne : «Plusieurs secteurs fonctionnent majoritairement grâce aux femmes diplômées, c'est le cas de l'enseignement et de la santé et de plusieurs administrations centrales, mais il y a un domaine où la présence des femmes reste très insuffisante. Il s'agit du milieu de la prise de décision et de l'exercice de la responsabilité politique, que ce soit dans les institutions de l'Etat, dans les partis politiques ou dans les syndicats.» Evoquant l'engagement de son parti dans le cadre de la CNLTD, M. Belabbas affirme que la modification nécessaire du rapport de forces entre le pouvoir et la société est impossible «sans l'implication des femmes qui constituent la majorité dans notre société». Ce faisant, Mohcine Belabbas annonce l'organisation, début juin prochain, des assises pour mettre en place un cadre permettant une réelle intégration de la femme militante dans l'action politique du parti. Les faiblesses des réformes du pouvoir Par la même occasion, les responsables du parti reviennent sur les derniers textes de loi destinés à protéger la femme. Des textes qui, selon les avocates et membres de la direction nationale du RCD, Lila Hadj Arab et Fetta Sadat, ne répondent pas aux aspirations des femmes. Commençant par le projet d'amendement du code pénal, Lila Hadj Arab dénonce la disposition prévoyant l'annulation des poursuites judiciaires contre les maris violents après le pardon de la victime. «C'est un problème de santé publique. On ne doit pas conditionner la plainte à la seule demande de la femme», déclare-t-elle, précisant que l'action judiciaire doit être enclenchée, automatiquement, par «le procureur de la République dès qu'il y a constatation de cas de violence à l'égard des femmes». La loi portant promotion reste encore très insuffisante. Ce texte, indique-t-elle, limite le rôle de la femme aux seules institutions élues. «Au Sénat par exemple, il n'y a aucune femme élue, en dehors de celles désignées dans le tiers présidentiel. De plus, aucune femme n'occupe un poste de responsabilité dans cette institution. A l'APN, il y a seulement une femme présidente de commission sur 12 structures», dit-elle, relavant l'absence de texte d'application de l'article 7 de cette loi qui prévoit une aide financière aux partis qui comptent des femmes élues. Rappelant que le RCD a été le premier à exiger une pension alimentaire pour la femme divorcée en 2008, Lila Hadj Arab déplore le contenu de la loi proposée par le gouvernement et promulguée en janvier dernier. «Faute de textes réglementaires, aucune action n'est enregistrée depuis la promulgation de ce texte, en janvier dernier», précise-t-elle.