La transplantation et le prélèvement d'organes ne se limitent pas à un acte chirurgical, mais à un processus beaucoup plus complexe assuré par une équipe pluridisciplinaire, ont expliqué les spécialistes, hier, lors de la journée d'information sur «Le prélèvement d'organes sur donneur en état de mort encéphalique» organisée par l'hôpital Mustapha d'Alger, dont le débat a porté sur les aspects médico-légaux, religieux et scientifiques. Cette journée se veut le coup de starter d'une activité qui mérite d'avoir une place de discipline à part entière, au même titre que toutes les autres disciplines médicales, dont la relance est déjà engagée par une équipe médicale déterminée à aller jusqu'au bout avec tous les outils, dont la loi en vigueur avec l'appui du ministère de la Santé et l'engagement de la direction de l'hôpital. Des simulations sont déjà programmées pour les prochains jours pour une auto-évaluation. La relance de cette activité semble voir une forte adhésion des professionnels de la santé rencontrés lors de cette journée. Ce qui rendra le CHU Mustapha, a indiqué le professeur Malika Benhalima, membre du comité scientifique organisateur et chef du service d'immunologie, en mesure d'effectuer les prélèvements et les greffes avec la même efficacité que les centres performants tout en rendant hommage à l'un des maîtres de la greffe du rein à l'hôpital Mustapha, le professeur Drif, dont une première a été réalisée en juin 1986 au sein de cet établissement. La transplantation au stade embryonnaire Le Pr Benhalima estime que la transplantation d'organes est encore au stade embryonnaire et regrette que seulement 1254 greffes de rein ont été effectuées en 28 ans, dont 130 uniquement en 2014 par les 15 centres transplanteurs à travers le territoire national. «C'est un bilan très modeste et insuffisant», a-t-elle souligné. Le prélèvement et la transplantation nécessitent un savoir-faire et une technicité, a-t-elle précisé, en mettant l'accent sur le rôle du laboratoire HLA, un préalable en amont et en aval de la greffe rénale. Ce qui permettra d'élaborer une liste d'attente des receveurs et assurer en toute sécurité l'attribution du greffon et son suivi, sachant que depuis 1986 à 2014, 96 greffes sur les 644 réalisées ont été éliminées à cause des anticorps développés par les receveurs suite à des transfusions de sang non filtré. «Sur la liste d'attente de 218 malades que nous avons aujourd'hui, 136 ont été transfusés, ce qui constitue un haut risque immunologique», a-t-elle averti en appelant à la promulgation d'une loi interdisant la transfusion des insuffisants rénaux avec du sang non filtré. Un aspect que le ministre la Santé, qui a ouvert les travaux de cette journée, s'engage à régler définitivement. Il a ainsi annoncé que 30 millions de dinars ont été alloués au CHU Mustapha pour la greffe d'organes. «L'aspect de la mort clinque trouve son ancrage dans le projet de la nouvelle loi sanitaire, mais le cadre juridique ne suffit pas, il faut aussi organiser les conditions du prélèvement. L'organisation de nos hôpitaux doit s'adapter, notamment au niveau des services assurant les urgences», a-t-il souligné. Quant à la formation, M. Boudiaf a fait savoir que des équipes médicales algériennes se rendront en Argentine et à Cuba dans le cadre de la coopération et du jumelage avec ces deux pays. En effet, seule la greffe à partir de donneurs en mort encéphalique peut régler définitivement le problème et asseoir durablement l'activité de transplantation en Algérie, a indiqué le ministre, précisant que sur les 26 000 patients actuellement dialysés ou en prédialyse, seuls 10 000 restent éligibles à la greffe au regard de l'âge avancé des autres et des complications qu'ils ont eu le temps de développer.