L'Etat a doté le centre hospitalo-universitaire (CHU) Mustapha-Pacha d'une enveloppe budgétaire de 30 milliards de centimes pour l'activation du programme de prélèvement sur donneur en état de mort encéphalique. Cette enveloppe financière, destinée à l'achat des équipements et des consommables, permettra de lancer un défi très attendu par les hémodialysés et que le CHU est prêt à relever. L'ensemble des institutions sanitaires du pays ont bénéficié de sommes similaires afin de lancer le même programme. C'est ce qu'a affirmé, hier, Abdelmalek Boudiaf, ministre de la Santé, lors de l'ouverture de la journée scientifique consacrée au prélèvement d'organes sur donneur en état de mort encéphalique. Le ministre a mis en relief l'importance de la greffe au profit des hémodialysés. « Ils sont officiellement 26.000 patients à subir la dialyse. Leur vie est liée à une machine et la meilleure solution est de passer à la greffe ». Le ministre reconnaît que « beaucoup d'initiatives ont été lancées, mais n'ont pas connu les résultats escomptés. La volonté politique est là, et le staff doit arrêter une méthodologie, à commencer par la formation, clé de la réussite ». Dans ce sens, le ministre de la Santé a annoncé « la disposition, dans le cadre du jumelage, des Argentins à former nos équipes. Les Cubains également sont prêts, dès avril prochain, à recevoir nos équipes. Ceci, en plus de la formation locale ». Boudiaf, en soutenant que l'aspect technique ne peut constituer un frein au lancement du programme de prélèvement d'organes sur donneur en état de mort encéphalique, a annoncé l'acquisition prochainement de 4 ou 5 avions sanitaires pour « le transport en toute sécurité et selon les normes sanitaires, des greffons ». Tout en conviant les équipes médicales à mettre de côté leurs divergences, car le plus important est le bien-être du malade. Comme il a suggéré la création d'une fondation des amis de la santé qui aura une projection sociale et de venir en aide et cadrer toutes les bonnes initiatives. Le ministre de la Santé ne manquera pas d'insister sur le donneur vivant, bien que cette alternative de transplantation rénale sur cadavre, qui peut sauver 10.000 dialysés, est autorisée par la réglementation. Le défi est donc du côté de l'équipe médicale et de l'institution hospitalière qui, selon son directeur général, Nacer Bar, « est prête à relever et ambitionne à développer toutes les activités chirurgicales et la transplantation des organes et des tissus ». Aussi l'objectif que s'est assigné le conseil scientifique du CHU Mustapha-Pacha, est d'augmenter les greffes, dont le nombre a atteint les 166 donneurs vivants pour la transplantation rénale en 2014. 1.250 donneurs vivants en 28 ans Abordant « l'histoire de la greffe rénale en Algérie », le professeur Benhalima a rappelé que la greffe dans notre pays reste à l'état embryonnaire. « Seulement 1.250 donneurs vivants ont été enregistrés en 28 ans, soit une moyenne de 130 greffes par an ». Selon elle, entre 1986 et 2014, quelque 1.250 greffes ont été réalisées, dnt 20% ont été rejetées pour cause d'incompatibilité des données génétiques modifiées parfois par une transfusion sanguine non filtrée. Le professeur Guerinik, tout en rappelant que 4.000 demandeurs de greffe sont enregistrés actuellement en Algérie, souligne « qu'un ancrage juridique est nécessaire pour définir la mort encéphalique ». Bien que trois lois ont été promulguées (1975, 1985 et 1990) comme l'a annoncé le professeur Belhadj. Ce dernier confirme que « le circuit de prélèvement est validé par le conseil scientifique du CHU et est composé de 9 étapes essentielles, dont celle déterminant la mort ». Pour Belhadj, « la mort doit être confirmée par au moins deux médecins membres de la commission et d'un médecin légiste ». Parmi les recommandations proposées, le prélèvement de certains organes comme le rein par cœlioscopie. Ceci afin de préserver l'intégrité du corps du défunt. Cette proposition va dans le sens de ce que préconisent les ulémas. Intervenant sur l'aspect religieux du prélèvement, le docteur Benredouane soutient : « Les ulémas insistent qu'il ne faut pas défigurer l'aspect corporel de la personne. Le prélèvement ne peut concerner l'ensemble des organes comme les tissus du visage ». Mais pour le reste, c'est licite, y compris les os. Toutefois, il maintient qu'il faut savoir reconnaître la valeur personnelle et religieuse des gens afin de les aborder avec ménagement.