Chargé violemment par le ministre de l'Industrie et des Mines, le Parti des travailleurs (PT) riposte avec la même violence. Réuni hier en session ordinaire, le secrétariat du bureau politique de la formation de Louisa Hanoune n'a pas lésiné sur les qualificatifs pour dénoncer les propos de Abdessalem Bouchouareb, tenus lors d'une conférence de presse, mardi dernier à Alger : «Des propos indignes relevant de la baltaga», «Porte-voix de l'oligarchie», «Propos abjects»... «Le secrétariat du bureau politique a pris connaissance des propos tenus par le ministre de l'Industrie et des Mines (...), il s'est attaqué au parti, à sa politique de défense inconditionnelle du secteur public contre le bradage et la prédation. Ainsi, perdant son sang-froid et son devoir de réserve de ministre de la République, il a tenu des propos abjects à l'encontre du parti, de sa secrétaire générale et de son député Smaïn Kouadria, qu'il a qualifiés notamment de ‘menteurs', ‘manipulateurs' et ‘clown politique'. Mais qu'est-ce qui justifie ces attaques contre le PT et en de tels propos indignes d'un ministre de la République et relevant même de la baltaga ?», s'interroge le parti dans un long communiqué. Les responsables du PT se posent encore la question : quelles sont les motivations de la réaction de Bouchouareb ? «Est-ce parce que le PT dénonce et se bat contre le règne de l'oligarchie, qui signifie que toutes les institutions de l'Etat, y compris le Parlement, soient soumis à la seule loi du profit, à la loi du Talion ? L'attitude du ministre de l'Industrie ne confirme-t-elle pas les craintes exprimées par la secrétaire générale du PT sur le climat créé par les agissements de l'oligarchie qui veut faire taire toute voix discordante et empêcher les députés du PT de respecter leur mandat en posant les problèmes qui leur sont soumis par les citoyens en général et les travailleurs en particulier ?», demande encore le PT. Ce dernier tire ses conclusions et désigne le ministre de l'Industrie comme l'un des «porte-voix de l'oligarchie». «S'il est désormais clair que les contours de la clique oligarchique se dessinent et sa composante se précise, il apparaît tout aussi clairement que Monsieur Bouchouareb en est l'un de ses porte-voix», affirme le PT. «Privatisation déguisée» Ce faisant, le bureau politique du PT revient sur tous les points ayant suscité l'ire de Abdessalem Bouchouareb. Ainsi, le parti de Louisa Hanoune maintient sa position concernant la situation de l'entreprise publique de fabrication de motocycles Cicma de Guelma. Il affirme avoir dénoncé «une privatisation déguisée de cette société» après l'ouverture de son capital à «un importateur des motocycles de marque chinoise, au moment où l'Etat a renfloué ses caisses». De même pour la question de la réorganisation du secteur industriel décidée par le ministère de l'Industrie. «La secrétaire générale du parti avait exprimé ses inquiétudes sur la nouvelle réorganisation du secteur industriel (…). Mais au lieu de répondre clairement à cette inquiétude largement partagée par les travailleurs qui ont vécu dans leur chair la politique de privatisation-bradage du secteur public, le ministre de l'Industrie botte en touche et s'arroge le droit de prononcer des jugements de valeur sur la politique du Parti des travailleurs et de sa secrétaire générale», lit-on dans le même communiqué. Rappelant également à Bouchouareb que «c'est Louisa Hanoune qui a parlé en premier de la situation du complexe sidérurgique d'El Hadjar», le PT relève des «contradictions» entre «les déclarations du ministre et ses agissements». Alors que Abdessalem Bouchouareb soutient qu'il appliquait la politique du président Bouteflika, le PT lui rappelle ses positions contraires à la règle des 51/49%. «Tous les observateurs relèvent régulièrement des propos contradictoires tenus par ce même ministre, notamment lorsqu'il avait déclaré récemment, à partir de la capitale française et des Etats-Unis, la mise à mort de la règle 51/49% (…) Comment peut-il prétendre défendre cette règle en Algérie alors qu'il ne ratait pas une seule occasion pour annoncer sa suppression depuis l'étranger», lit-on dans le même communiqué.