Les rapports entre l'Arabie Saoudite et le Yémen ont toujours été conflictuels: contentieux frontaliers entre les deux pays depuis 1934 à la chute de la monarchie au Yémen du nord en 1962 et les conséquences de l'invasion du Koweit par l'armée irakienne de Saddam Hussein en août 1990. Ce sont entre autres différends qui alimentent les frictions entre deux voisins et une méfiance réciproque ne cesse de s'amplifier. Sanaa n'a jamais reconnu la souveraineté de Ryadh sur les provinces de Jizan, Asir et Najran. Et les Saoudiens ont soutenu les royalistes dont les zaïdites dans leur guerre contre les «républicains» de 1962 à 1970. Ces derniers sont appuyés par l'Egypte de Nasser en dispute avec Ryadh sur le leadership du monde arabe. En 1990, lors de l'invasion du Koweït par les forces de Saddam Hussein, Sanaa, tout en s'opposant à cette opération de conquête, a refusé d'intégrer la coalition internationale pour libérer cette monarchie. Une vision qui a provoqué la colère de Washington et Ryadh. En représailles, l'Arabie Saoudite a expulse près de 800 mille émigrés yéménites de son territoire. Un coup dur pour l'économie yémenite, privée d'une source importante de devises. Pour Sanaa, le royaume wahabite cherche à affaiblir l'unité du pays consacrée en 1990. Durant la guerre de sécession en 1994, entre le Nord et le Sud, l'Arabie Saoudite a soutenu paradoxalement les sudistes qu'elle dénonce jusque-là comme des «communistes». Le 26 février 1995, l'Arabie saoudite et le Yémen signent à La Mecque un accord suivi d'une reconnaissance par Sanaa du traité de Taef. Six comités sont créés pour tracer les frontières terrestres et maritimes. Dix-huit mois après, les négociations échouent. Le traité de Taef est signé en 1934 entre Ryadh et Sanaa. Il consacre la légitimité de l'Arabie Saoudite sur les trois provinces de Jizan, Najran et de Asir conquises militairement par Ibn Saoud pour les annexer à son royaume. Après l'attaque du destroyer USS Cole de l'US Navy en octobre 2000 au port de Aden, au sud, et les attentats du 11 septembre 2001 Sanaa se range à côté des Etats unis dans leur guerre contre Al-Qaïda. L'après 11 septembre D'où la révolte en 2004 des houthis. Ils accusent Abdellah Saleh d'être inféodé à Washington qui a déclenché un an plus tôt la seconde guerre d'Irak. Les hostilités se déclenchent dans la province de Saada bastion des houthis ou zaïdites (branche du chiisme), aux frontières avec l'Arabie saoudite pour ensuite atteindre Sanaa. Jusqu'à 2010, six guerres ont eu lieu entre les deux bélligérants.Abdellah Saleh les justifie par le fait que les houthis veulent rétablir l'imamat aux dépends de la république. Le Qatar propose ses bons offices. Cependant, la médiation de 2007 suivie d'un traité en février 2008 n'a pas empêché la reprise des combats en avril de la même année. De son côté, Ryadh intervient militairement en novembre 2009 à Saada. En août 2010, un autre traité est signé à Doha entre le gouvernement et les insurgés. Les révoltes populaires de 2011 ont contrarié l'ambition de Abdellah Saleh qui s'apprêtait à modifier la Constitution pour se représenter à la présidentielle 2013 et y rester à vie. Après avoir survécu à un attentat, il se fait soigner en Arabie saoudite, où il signe ensuite, un accord de transition qui le contraint à céder le pouvoir pour se retrouver aujourd'hui allié de ses ennemis d'hier, les houthis.