l'heure où la préparation du statut particulier de l'enseignant-chercheur fait polémique, celle du chercheur permanent semble se dérouler dans la sérénité. En tout cas, le SG du Syndicat national des chercheurs permanents (SNCP), Smati Zoghbi, assure que la tutelle, soit le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, est «très réceptive à (leurs) doléances». Il faut dire que cette année le ministère s'est engagé dans un grand chantier législatif, où il s'agira également de rééditer la loi d'orientation sur la Recherche scientifique (RS). Un vaste programme au regard du déphasage encore existant entre le domaine de la RS et le développement socioéconomique. Dans cette nouvelle étape de structuration du secteur (RS), la tutelle parie gros sur la mise à niveau de la ressource humaine. Cette ressource faisant défaut aussi bien en termes de qualité que de quantité. Il faut savoir qu'actuellement, et alors que le Chercheur permanent (CP) est le noyau central de la recherche et développement, le ratio entre le CP et le chercheur universitaire (CU) est de un pour dix — 3000 CP pour 30 000 CU. Alors que selon les normes internationales, et dans les sociétés dynamiques, il devrait y avoir plus de CP que de CU, le ratio étant de 3 CP pour un CU. En avril 2013, lors d'une session extraordinaire du SNCP, Slimane Hachi, directeur du Centre national de recherches préhistoriques (CNRPAH), répartissait le corps des RP ainsi : 60% d'attachés de recherche, 15-20% de maîtres de recherche, et 8-10% de directeurs de recherche. Dans cette répartition des préposés à la recherche, il s'agira d'abord de rééquilibrer la ressource en avantageant la catégorie des CP, et ensuite trouver la formule idéale pour assurer une formation de qualité. L'autre handicap de taille qui empêche l'essor de la RS est matérialisé par le mode de gestion trop administratif, donc hyper bureaucratisé des projets. «L' ancienne loi 2010-2014 a été dotée d'un budget de 100 milliards de dinars. A son terme, on a consommé uniquement 35% des fonds alloués», dénonçait, toujours en 2013, le SG du SNCP en attribuant ces défections aux lenteurs administratives, ainsi qu'au manque d'ambitions et d'initiatives des établissements de recherche. Mais le plus gros souci auquel devrait faire face la tutelle est relatif aux liens et passerelles à établir entre la RS et le secteur socioéconomique. Car la recherche sans but immédiat ne peut apporter la valeur ajoutée nécessaire au développement. Lors d'une récente entrevue avec le directeur général de la recherche scientifique et du développement technologique, Hafid Aourag insistait sur «l' impératif recours à la recherche appliquée qui ne peut se faire qu'au sein de l' entreprise. Une condition sine qua non pour l' émergence d' une recherche innovante et surtout utile». Attendons de voir la 3e loi d'orientation sur la recherche scientifique pour mesurer les véritables intentions des acteurs.