Les textes de loi et la sensibilisation très active en direction des citoyens ne suffisent plus pour protéger les sites pittoresques du Parc national de Gouraya. Pas moins de 70% de la superficie du Parc national du Gouraya (PNG) est exposée aux agressions du fait de la nature juridique des terrains. Si la direction du Parc arrive tant bien que mal à imposer sa présence, sa loi pour protéger les 500 h du domaine public que renferme le Parc, son intervention sur les terrains privés et collectifs (Melk), autour desquels des conflits en tous genres éclatent, est de plus en plus difficile. L'un des problèmes majeurs qu'a affronté la direction du parc est la nuisance de la décharge de Boulimat, à l'ouest de Béjaïa et les carrières d'agrégats qui défigurent les sites pittoresques de la région. A ce jour, le Centre d'enfouissement technique (CET) de Béjaïa n'est pas encore achevé. Entamé en février 2010 à Sidi Boudraham, les travaux d'ouverture de l'accès qui y mène traînent en longueur malgré la réception des casiers. «Il est urgent de délocaliser la décharge. Le souci, c'est que nous avons intercepté des chauffeurs de camions qui n'atteignent même pas le dépotoir. Ils déversent les ordures sur la RN24, cette route qui traverse le versant Ouest du Parc», regrette M. Benyahia, ingénieur et conservateur divisionnaire à la direction du Parc national du Gouraya. L'autre activité qui est indésirable à l'intérieur du périmètre protégé est l'exploitation des carrières d'agrégats dont deux ont été fermées récemment. Notre vis-à-vis note toutefois qu'il reste encore une unité qui maintient son activité à ce jour, avant d'ajouter qu' «une action en justice a été introduite, mais l'affaire traîne depuis 10 ans». Le comble, c'est que les textes de loi qui régissent la politique nationale de l'urbanisation interdisent l'installation de ce genre d'équipement dans les zones protégées. Un autre problème qui dépasse les services de du PNG est celui du bradage du foncier situé dans la réserve. Les automobilistes qui empruntent la RN24 reliant Béjaïa et Tizi Ouzou par le littoral peuvent constater les opérations de dénivellement dans le but de construire des habitations. Etant une entité administrative, la direction du PNG ne dispose que de la force des lois comme moyen dissuasif pour protéger le parc. «Il nous est arrivé régulièrement de verbaliser et d'ester en justice les auteurs d'atteinte à cet espace, mais ce n'est pas suffisant. Nous disposons de peu de moyens de locomotion et de personnel, nos deux brigades ne peuvent pas être partout et en même temps car le parc s'étend sur 2080 hectares», ajoute notre interlocuteur. Crée par le colonialiste français -à l'image des autres parcs protégés- entre 1923 et 1924, le parc Gouraya s'étendait sur 500 hectares. Dans les années 1980, cette superficie a été portée à 2080 h pour protéger la faune et la flore de la région dont des espèces animales et végétales sont menacées de disparition. «La création du parc vise à protéger des espèces qui n'existent uniquement en Afrique du nord, comme le Macaca sylvanus, qui est connu aussi sous le nom de Macaque de Barbarie. Cette espace est également un site de nidification de plusieurs espèces d'oiseaux dont des rapaces comme le vautour percnoptère d'Egypte», note le responsable. Pour lui, la difficulté de leur mission réside dans la proximité du parc des centres urbains et la présence d'habitations dans le périmètre à protéger. Pas moins de 12 villages y sont implantés. Il a fallu donc impliquer les villageois dans la préservation de la nature. Dans se sens, l'Etat a débloqué des projets d'aide au agriculteurs et organise des compagne de sensibilisation qui visent à encourager l'agriculture de montagne. Le responsable estime que ces habitants de la zone rurale sont les alliés de sa Direction. Car en leur fournissant de l'aide pour monter des petits projets dans l'apiculture par exemple, ou la plantation des arbres fruitiers, ils s'impliqueront de fait dans l'entretien de l'environnement.