Treize heures de questions, de réponses, de réquisitoires et de plaidoiries lundi à la cour de Blida pour l'affaire qualifiée par l'un des avocats de la défense de l'« affaire du siècle pour le tribunal de Blida », puis, assez tard, le président Mezdour déclarera que le verdict sera rendu demain. Pour rappel, la nouvelle direction du CHU Frantz Fanon de Blida, gérant quatre unités, avait porté plainte au mois de septembre 2003 contre la gestion de l'ancien DG. L'enquête diligentée par la gendarmerie nationale avait débouché sur l'arrestation de nombre de personnes (El Watan du 15 juin 2005) et la mise en lumière d'une importante affaire de dilapidation de deniers publics dont le montant excède les 23 milliards de centimes. A la tête de l'« affaire », un certain Boukrid Djamel, toujours en fuite, qui avait réussi le tour de force d'établir des registres du commerce à des personnes, de se faire délivrer des procurations afin d'établir des factures et encaisser l'argent. Des lits à 22 000 DA, des réparations de véhicules équivalant quasiment au prix d'achat des mêmes véhicules neufs, des couvertures, de la quincaillerie et autres et pour ne pas être forcés de passer par les avis d'adjudication de marchés, chaque facture ne dépassait point les quatre millions de dinars. Des peines de 8 ans, 7 ans et plusieurs de 3 années avaient été prononcées lors du jugement devant le tribunal de Blida le 21 juin (El Watan du 22 juin) et le collectif des avocats avait refusé de défendre, ayant déposé des conclusions relatives à la nullité de l'ordonnance de renvoi et exigeant quasiment la convocation des SG précédent et actuel du ministère de la Santé. Lundi, le président Mezdour rappellera les faits, insistant sur certains détails comme le paiement un même jour de sept factures pour une même personne, revenant sur le fait d'envoyer des véhicules à réparer à Tizi Ouzou et laissant de côté nombre de mécaniciens à Blida et Alger. Affaire complexe Le mécanicien présent affirmera qu'il n'a pas été encore payé depuis quatre années, mais le président le rassurera en notant au passage que la facture de réparation pour un car Sonacome était de 230 millions de centimes. L'ex-DG dira qu'il gérait les catastrophes, lui qui s'est vu « retaper » son logement de fonction à plus de 7 millions de dinars. 35 revendeurs étaient des détaillants : le directeur assénera que le CHU est un mauvais payeur et qu'il fallait trouver à tout prix des fournisseurs, même auprès des détaillants. Les deux économes et le receveur défileront à la barre, mais les avocats insisteront plus sur l'absence des responsables des moyens matériels, des secrétaires généraux du ministère de la Santé dont nulle trace ne figurait dans l'enquête du juge, eux qui avalisaient les décisions d'achat en l'absence du conseil d'administration. Le réquisitoire du procureur général a été sévère : « Toute la procédure opérée est contraire à la réglementation. C'est un crime au premier degré » et il demandera l'aggravation de la peine pour certains tout en innocentant les 35 personnes qui s'étaient vu détenir un registre du commerce sans en connaître les aboutissements. La défense avait entamé ses plaidoiries à partir de 16h15 et maître Chaâbane avait souhaité l'arrestation du principal accusé « afin d'éclairer la justice sur tous les délits commis ». Toute la défense remettait en cause l'expertise réalisée par une seule personne « qui ne peut être spécialiste dans tous les domaines ». Beaucoup axeront leur plaidoirie sur la différence nécessaire à établir entre « détournement » et « dilapidation ». La contre-expertise demandée impliquerait la mise en liberté provisoire des détenus qui ont purgé plus de huit mois de détention. Vu la complexité de l'affaire, il faut s'attendre à ce qu'il y ait beaucoup de monde aujourd'hui à la salle principale de la cour de Blida.