Six soldats de l'armée égyptienne ont été tués et deux blessés hier dans un attentat à la bombe dans la péninsule du Sinaï, une nouvelle attaque revendiquée par la branche locale du groupe terroriste Etat islamique (EI). Selon des responsables de la sécurité, un officier et cinq militaires ont été tués dans l'explosion, hier matin, d'une bombe placée en bord de route, au passage de leur véhicule blindé dans le secteur d'Al Kouzat, près de la localité de Cheikh Zouwaid, dans le nord du Sinaï. Une seconde attaque, qui n'a pas été revendiquée, a été perpétrée dans l'après-midi contre un poste de police près d'El Arish, chef-lieu de la province du nord du Sinaï. Selon la police, il s'agit d'un attentat-suicide au camion piégé qui a fait deux morts et 30 blessés. Le kamikaze a fait exploser son véhicule, couvert de paille, à côté du poste de police. La façade du bâtiment ainsi que les immeubles aux alentours ont été déteriorés. Le nord du Sinaï est un fief du groupe Ançar Beït Al Maqdess, considéré comme la branche égyptienne de l'EI après avoir fait allégeance à l'organisation djihadiste et s'être rebaptisé Province du Sinaï. Sur un compte qui lui est attribué sur twitter, La Province du Sinaï a revendiqué l'attaque, qui a fait six morts, «contre un véhicule de soldats mécréants». Ce groupe a revendiqué de nombreuses attaques contre les forces de l'ordre dans le nord du Sinaï, frontalier d'Israël et du territoire palestinien de la bande de Ghaza. Le 2 avril, une attaque a coûté la vie à 15 soldats et deux civils, l'une des plus meurtrières de ces derniers mois. Il affirme vouloir établir dans le Sinaï une «province» du «califat» autoproclamé par l'EI sur les larges pans de territoire qu'il a conquis en Irak et en Syrie. Outre leur volonté d'étendre le «califat» de l'EI au Sinaï, ces terroristes assurent agir en représailles à la très sanglante répression qui s'est abattue sur les partisans du président islamiste élu Mohamed Morsi depuis qu'il a été destitué et arrêté par l'armée le 3 juillet 2013. Une vaste campagne militaire, lancée contre les groupes extrémistes dans le Sinaï il y a près de deux ans à une échelle inédite dans l'histoire récente de l'Egypte, n'a néanmoins pas encore réussi à mettre fin aux attentats terroristes. Selon le nouveau pouvoir du président Abdelfattah Al Sissi, l'ex-chef de l'armée tombeur de M. Morsi, plus de 500 policiers et soldats ont été tués dans des attentats et attaques essentiellement dans le nord du Sinaï depuis 2013. Dans le même temps, les forces de sécurité ont tué, depuis cette date, plus de 1400 manifestants pro-Morsi et emprisonné plus de 15 000 sympathisants islamistes. Des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs, procédés dénoncés notamment par l'ONU. L'Egypte est menacée par l'EI à l'Est, dans le Sinaï, mais aussi à sa frontière ouest avec la progression de la branche locale du groupe djihadiste dans une Libye en proie au chaos.