Accélération de la demande, insuffisance des structures de raffinage et de stockage. Les ingrédients semblent réunis pour induire des pénuries cycliques de carburants. Régulièrement, des files d'attente se constituent aux portes des stations-service à la moindre rumeur de rupture de stock de carburant. Si le P-DG de Naftal dément l'existence de la moindre pénurie et met la panique et l'agglutinement des automobilistes sur le réseau Naftal sur le compte de la rumeur qui a cette manie de courir par intermittence, un coup à l'Est, un autre à l'Ouest, ou encore au Centre du pays, s'appuie sur des raisons sous-jacentes et bien réelles. Le ministre de l'Energie l'a une nouvelle expliqué jeudi à l'Assemblée populaire nationale. L'Entreprise nationale de distribution et de commercialisation des produits pétroliers (Naftal) pâtit de l'insuffisance des capacités de stockage de carburant. Celles-ci ne couvrent, en fait, qu'une autonomie de 7 à 10 jours en moyenne. Il y a quelques jours, à Bordj Bou Arréridj, le ministre qui effectuait une visite officielle avait fait le même constat. Les stocks dans cette wilaya ne permettent qu'une autonomie d'à peine deux jours. Youcef Yousfi a ainsi expliqué, jeudi, avoir donné instruction à Naftal pour augmenter ses capacités de stockage. Il est vrai que la demande en carburant a explosé au cours de ces dix dernières années, au point de flirter aujourd'hui avec les 15 millions de tonnes par an, poussée notamment par la croissance du parc automobile qui compte actuellement plus de 5,5 millions de véhicules, mais également par l'ampleur qu'a pris le phénomène de contrebande de carburant subventionné et au prix extrêmement bas. En parallèle, les capacités de raffinage et de stockage de carburant ont stagné. Chose qui a poussé Sonatrach à lancer un programme de réhabilitation de ses raffineries afin d'atteindre l'autosuffisance en matière de carburants dès cette année, ainsi qu'un programme de réalisation de nouvelles raffineries afin d'accompagner une demande sans cesse croissante. Encore faut-il disposer des infrastructures suffisantes pour le réseau de distribution et assurer une certaine autonomie aux stations-service. Dans ce sens, le ministre de l'Energie a expliqué, jeudi à l'APN, que le gouvernement a octroyé 200 milliards de dinars à Naftal afin de réaliser des capacités de stockage supplémentaires. De même, a-t-il ajouté, les projets de nouvelles raffineries devront disposer d'une capacité de stockage de 300 000 tonnes. L'objectif étant d'atteindre une autonomie d'un mois et de régler définitivement la problématique du stockage à l'horizon 2020. En attendant, les automobilistes devront prendre leur mal en patience et espérer que ces projets ne soient pas une Arlésienne.