L'histoire officielle n'a pas rendu justice à tous les combattants de la guerre de la Libération. Daho Djerbal a dénoncé le discours qui colle aux messalistes le qualificatif infamant de «traîtres à la nation». «Au tout début de la guerre, le premier groupe à avoir déclenché la guerre est messaliste (…). Certains de ces fidayin de Belcourt ont été arrêtés, condamnés à mort et certains ont même été exécutés. Ces militants sont-ils des traîtres ? Ont-ils collaboré avec la France ? Le pouvoir a attendu jusqu'à 1984 pour inscrire leurs noms sur la plaque commémorative de la prison de Serkadji», révèle Djerbal, qui s'exprimait lors de la journée d'étude organisée par l'Organisation nationale de la continuité des générations (ONCG) à Hussein Dey (Alger) pour commémorer la mise en résidence surveillée de Messali Hadj à Ksar Chellala (Médéa). L'historien, qui a publié un livre sur l'OS de la Fédération de France (Chihab Edition), a évoqué l'engagement «oublié» des messalistes en métropole. «J'ai trouvé dans les archives un dossier du FLN que je présenterai un jour. Ce dossier contient les noms de messalistes emprisonnés en France. Le paquet est composé de 87 dossiers, dont chaque page contient 200 noms, soit 1600 prisonniers politiques en France. Ces prisonniers, dont personne ne se rappelle les noms, sont-ils des traîtres», s'interroge le directeur de la revue Naqd. L'implication de certains hommes politiques dans l'écriture de cette partie de l'histoire du pays «compliquerait» davantage la compréhension de l'implication des acteurs. Djerbal, citant Noureddine Aït Hamouda qui a accusé Messali d'être un «traître», met au défi les contradicteurs du zaïm de présenter un document compromettant sur son implication aux côtés de la France et contre l'indépendance de l'Algérie. «Messali est le premier à avoir appelé à l'indépendance, le 29 février, lors de la conférence pour la lutte anti-impérialiste à Bruxelles», rappelle Djerbal. Prenant à rebrousse-poil, lui aussi, le discours officiel sur la guerre de Libération, Arezki Basta, acteur de cette guerre, a rappelé les déboires rencontrés pour la publication de son livre où il rappelle des «vérités» cachées sur la guerre de Libération. L'intervenant réfute l'idée selon laquelle des militants messalistes auraient tabassé, à la veille de la guerre, Mohamed Boudiaf, futur coordinateur du FLN. Un intervenant s'est interrogé sur la lettre qu'aurait envoyée Krim Belkacem avant son assassinat à Messali El Hadj en exil. Selon Ali Agouni, compagnon du vieux zaïm et président du PPA non agréé, Messali a fait lecture de cette lettre en sa présence. Krim Belkacem aurait exprimé le vœu de rencontrer le leader. Ali Agouni n'en dit pas plus sur le contenu du document, dont les historiens n'arrivent pas à trouver trace. Messali Hadj a été placé, le 4 janvier 1944, en résidence surveillée à Ksar Chellala (Médéa). Les autorités françaises ont été contraintes de le transférer à nouveau à El Goléa à la suite de troubles ayant suivi l'organisation d'une rencontre annuelle des éleveurs (El Achaba), où des représentants de l'administration coloniale ont été humiliés par la population qui réclamaient la libération de Messali, signale Touaguine Ahmed, historien. D'El Goléa, le leader nationaliste a fini par être déporté à Bakouma, un bagne du Congo-Brazzaville où il séjourna jusqu'en août 1946. «La décision de son transfert a été prise par De Gaulle en personne», précise Oubetroune Mountassar, journaliste et chercheur en histoire, qui signale le contexte de l'époque : émergence des Amis du manifeste et de liberté (AML) de Ferhat Abbas en mars, rencontres des Alliés et révolte du 8 Mai 1945. Intervenant lors de la rencontre, le secrétaire général de l'ONCG, M. Lahouel, aappelé à une «réconciliation totale» de tous les militants de l'indépendance du pays.