A dix jours de sa réunion annuelle à Singapour, le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé, vendredi dernier, son intention d'accroître d'office les droits de vote de la Chine, du Mexique, de la Turquie et de la Corée du Sud pour mieux refléter les réalités économiques mondiales. Cette décision, largement attendue, a été saluée hier par le gouvernement américain, dont le sous-secrétaire au Trésor pour les affaires internationales, Timothy Adams, n'a pas manqué de relever son importance. « Je suis content d'entendre que le conseil d'administration du FMI va mettre au point une série de réformes pour refléter la croissance rapide des marchés émergents et l'évolution de l'économie mondiale », a indiqué le sous-secrétaire américain dans un communiqué, cité par des agences de presse. Mis en place en 1944, l'actuel système de droit de vote et de quotes-parts au budget du FMI est aujourd'hui considéré, par nombre de spécialistes, comme « insuffisant pour refléter les réalités de l'économie mondiale ». Le secrétaire général de l'organisation, l'Espagnol Rodrigo Rato, a déclaré, jeudi dernier, que cette « réforme » a été décidée à une très large majorité par le conseil d'administration du FMI, mais doit « être approuvée par le conseil des gouverneurs à Singapour ». Même les Etats-Unis, principal actionnaire du Fonds et dont certains dirigeants étaient partisans de lier l'augmentation du poids de la Chine au sein du FMI à des efforts supplémentaires de Pékin pour réévaluer sa devise, « ont exprimé clairement leur soutien au programme de réforme », a-t-il ajouté. Mis en place en 1944, l'actuel système de droits de vote et de quotes-parts au budget du FMI est considéré comme obsolète. Il « ne reflète pas de façon appropriée le poids accru des grands pays émergents dans l'économie mondiale », a expliqué M. Rato. Selon lui, « un net besoin de rééquilibrage » est nécessaire. La quote-part de la Chine (3%) est ainsi actuellement à peine supérieure à celle des Pays-Bas. Celle de l'Inde est même inférieure. La Chine, la Corée du Sud, leMexique et la Turquie constituent les cas les plus flagrants de sous-représentation. Mais l'augmentation ad hoc des quotes-parts de ces quatre pays « ne corrigera seulement qu'un tiers des très lourdes sous-représentations. Beaucoup d'autres pays sont également sous-représentés » au sein du FMI, a reconnu M. Rato. Celui-ci souhaite que d'ici 2008, les membres du FMI travaillent sur « une nouvelle formule de quotes-parts » en vertu de laquelle le poids de chaque pays au sein de l'institution serait défini automatiquement, en fonction de son importance économique réelle évaluée selon des paramètres précis. « Le conseil d'administration n'a pas clairement défini les paramètres » de cette réforme, mais il estime qu'au moins deux d'entre eux –produit intérieur brut et degré d'ouverture de l'économie nationale sur l'extérieur– devront obligatoirement être pris en compte. La réforme en deux temps du FMI entend sauvegarder la crédibilité et l'efficacité de l'institution. A terme, elle vise aussi à corriger les grands déséquilibres économiques planétaires, fréquemment cités par M. Rato comme une des plus graves menaces contre la croissance économique mondiale. « Tous les pays sont d'accord pour repenser le système de calcul des quotes-parts. Beaucoup d'entre eux acceptent d'avoir une discussion qui ne les avantagera pas immédiatement à titre individuel, mais qui bénéficiera à l'ensemble de l'institution », s'est félicité M. Rato. Toutefois, « la discussion va être compliquée » avant que les 184 pays membres du FMI n'arrivent à se mettre d'accord sur leurs poids politiques respectifs au sein de l'institution, a-t-il admis.