L'instance dirigeante du Fonds monétaire international a donné hier son feu vert à la plus importante réforme de l'institution en 60 ans, afin de donner un peu plus de poids en son sein aux économies émergentes et préserver sa légitimité. Toutefois, ce projet est encore jugé très insuffisant par certains des intéressés. Le projet de réforme, qui doit encore être formellement approuvé par les 184 gouverneurs du FMI réunis mardi en assemblée annuelle, doit se dérouler en deux temps. D'abord la Chine, la Corée du Sud, la Turquie et le Mexique vont voir leurs droits de vote au sein du FMI (quote-part), et donc leur influence dans les prises de décision, légèrement relevés. Il s'agit de mieux refléter leur essor économique au cours des dernières décennies. Cependant, cette hausse partielle va rester symbolique, à peine 1,8% du total des voix. La deuxième phase du projet de réforme, qui doit être bouclée d'ici l'automne 2008, a soulevé maintes critiques. Mais selon le directeur général du FMI, Rodrigo Rato, « tous les membres (du CMFI) ont apporté un large soutien » à sa proposition. Il invite à revoir la formule de calcul des droits de vote avant une deuxième vague de redistribution. Les anciens membres du FMI tiennent à leur rang, alors que les pays émergents réclament plus de voix au chapitre. Un seul point a fait l'unanimité : la nouvelle formule devra être plus simple et beaucoup plus transparente et surtout refléter véritablement les poids économiques de tous les pays membres. Mais les avis divergent sur les critères à retenir pour le calcul. Les Etats-Unis veulent mettre l'accent sur le Produit intérieur brut (PIB), les Européens insistent sur l'ouverture des marchés, le Japon ne veut pas donner plus de poids aux pays ayant engrangé des réserves importantes de change, comme la Chine voisine. Du côté des pays intéressés en premier lieu par la redistribution, l'Inde, l'Argentine, le Brésil et l'Egypte sont montés au créneau ce week-end. Ils craignent que l'on octroie des voix supplémentaires à certains pays en développement en prenant à d'autres « tout aussi méritants qu'eux ». « L'ensemble de l'Amérique du Sud est contre le projet », selon le ministre brésilien de l'Economie, Guido Mantega. Mais en pourcentage de voix, ils ne font pas le poids. Autre débat soulevé par les nouvelles puissances économiques : celui d'une représentation unique pour l'Union européenne ou du moins pour les 12 pays de la zone euro. Additionnées, les voix des 25 de l'UE représentent près de 32% contre 4,4% pour 43 pays africains par exemple. L'Afrique soutient la réforme Les ministres des Finances des pays africains ont annoncé hier qu'ils soutenaient le projet de réforme du Fonds monétaire international (FMI), ayant obtenu en échange la promesse d'un doublement de leurs voix de base d'ici deux ans maximum. La réforme « est une bonne décision que nous soutenons tous en tant que pays africains », a affirmé le ministre des Finances du Sénégal, Abdoulaye Diop, lors d'une conférence de presse conjointe avec plusieurs de ses homologues africains à Singapour, où se tient une réunion de l'instance dirigeante du FMI, le Comité monétaire et financier international (CFMI). « L'adoption de cette réforme est un premier pas en vue de rendre le FMI plus représentatif et de donner plus de voix aux pays à faible revenu », a estimé M. Diop. Il s'est félicité de l'augmentation ad hoc des droits de vote proposée pour les quatre pays les plus lourdement sous-représentés au FMI (Chine, Corée du Sud, Mexique et Turquie).