Réunis à Singapour pour une assemblée annuelle, les Etats membres du Fonds monétaire international (FMI) ont approuvé, hier, à une majorité de 90,6% un projet qui va dans l'immédiat augmenter les droits de vote (quote-part) de quatre pays émergents, en l'occurrence la Chine, la Corée du Sud, la Turquie et le Mexique. Selon le programme de réforme adopté par l'institution, il est question, dans un deuxième temps (d'ici deux ans), que le mode de calcul des droits de vote de tous les Etats soit revu. Une deuxième vague de pays émergeants en profitera. L'idée est d'accorder plus d'importance à la richesse produite par les pays (produit intérieur brut). Bien que le directeur général du FMI, Rodrigo Rato, ait parlé d'une réforme « extrêmement importante pour l'avenir de l'institution », de nombreux pays émergeants ont jugé ce rééquilibrage proposé très insuffisant. Les ONG accusent les Etats-Unis et l'Europe, qui dominent le FMI, de « s'accrocher à leurs privilèges et de ne faire que des concessions minimes ». Cette réforme, selon elles, « fait partie d'un programme de modernisation du FMI pour lui permettre de préserver sa légitimité au XXIe siècle ». Les pays d'Amérique latine, notamment, redoutent, quant à eux, d'être lésés dans la redistribution des voix qui devrait favoriser surtout les économies émergeantes d'Asie. Les petits pays européens ont peur d'être contraints de céder une part importante de leurs droits de vote. La Belgique, par exemple, compte plus de voix que l'Inde dans la répartition actuelle. Les pays les plus faibles économiquement, surtout africains, veulent des garanties sur le maintien de leur place dans le système de décision. Il y a lieu de rappeler que M. Rato avait indiqué, récemment, lors d'une conférence de presse, que l'augmentation d'office des quote-parts des quatre pays « ne corrigera seulement qu'un tiers des très lourdes sous-représentations. Beaucoup d'autres pays sont également sous-représentés » au sein du FMI, avait-il reconnu. Par ailleurs, le FMI a annoncé, dans le sillage de ces réformes, qu'il allait se doter d'un nouvel outil, appelé « surveillance multilatérale », afin de prévenir d'éventuelles crises financières dans le monde, en particulier en matière de taux de changes. Pour sa part, la Banque mondiale, institution sœur du FMI, a approuvé le « vaste plan anti-corruption de son président, Paul Wolfowitz, qui a reçu l'aval de principe de l'instance dirigeante, le Comité de développement ». Ce dernier a indiqué que le conseil d'administration de la Banque mondiale, qui regroupe les 24 représentants des 184 Etats membres, devra surveiller « de près » la nouvelle stratégie mise en œuvre. Cependant, alors que la plupart des pays membres de l'Organisation craignent que la lutte contre la pauvreté, mission première de la Banque, soit occultée avec l'application de cette nouvelle stratégie, la ministre française déléguée à la Coopération et au Développement, Brigitte Girardin, estime, quant à elle, que « la nouvelle stratégie de la Banque mondiale sur la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption ne devrait pas mettre en danger la mission principale de la Banque ». L'ancien « faucon » du Pentagone, Paul Wolfowitz, à la tête de la Banque mondiale depuis 15 mois, mène une campagne acharnée depuis le printemps dernier en faveur de sa nouvelle stratégie.