Q uelques semaines après la publication par la Commission européenne d'un rapport sur les irrégularités qui ont entaché l'élection présidentielle du 17 avril 2014, qui a vu la reconduction de Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat, des députés du Parlement européen ont adopté, avant-hier, une résolution sur la situation des droits de l'homme en Algérie ; ils demandent «aux autorités algériennes d'assurer et de garantir le droit à la liberté d'expression et d'association et le droit de réunion pacifique dans le pays». Affirmant que «le droit à un procès équitable et l'assurance d'une garantie minimum pour le droit à la défense pour tous les détenus sont en conformité avec le pacte international relatif aux droits civils et politiques», les parlementaires européens soutiennent que «le harcèlement et l'intimidation des militants des droits au travail et des défenseurs des droits de l'homme, y compris au niveau judiciaire, n'est pas une pratique conforme à la Déclaration des Nations unies sur la défense des droits de l'homme». Selon la résolution adoptée jeudi dernier, «le chef de la politique étrangère de l'UE et les Etats membres doivent veiller à ce que la politique européenne vis-à-vis de l'Algérie soit claire, fondée sur des principes et qu'elle comprenne un dialogue sur les droits de l'homme». Pas seulement. Elle exhorte «les autorités algériennes et le chef de la politique étrangère de l'UE à inclure un chapitre fort sur les droits de l'homme dans le futur plan d'action UE-Algérie». La résolution du Parlement européen n'a pas manqué de susciter, très rapidement, une réaction officielle des plus dures de la part du ministère des Affaires étrangères. Le pouvoir est mis à mal et la riposte ne s'est pas fait attendre. Dans une déclaration reprise jeudi dernier par l'APS, le porte-parole des AE, Abdelaziz Benali Cherif, a évoqué «une action initiée par un groupuscule connu pour avoir versé dans l'agitation médiatique pour servir des desseins inavouables et contraires à la volonté clairement affichée par l'Algérie et l'UE d'aller de l'avant dans la promotion de leur partenariat global et multidimensionnel». «Trente-cinq eurodéputés sur les 751 que compte le Parlement européen ont adopté, ce jour, quasiment à la sauvette, une résolution sur l'Algérie, en réel décalage tant avec l'esprit qui préside aux relations de dialogue et de coopération entre l'Algérie et l'Union européenne qu'avec la dynamique qui anime les rapports de l'Algérie avec ses Etats membres», a estimé encore le porte-parole des AE, pour qui «le recours à l'adoption d'une telle résolution sous le sceau de l'urgence est une mesure qui s'apparente à une escroquerie procédurale». «Le fait ordinaire choisi comme prétexte par les auteurs de cette résolution renseigne tant sur leur acharnement à vouloir porter préjudice à l'atmosphère sereine qui caractérise le dialogue entre l'Algérie et le partenaire européen que sur les limites de leur vision quant aux intérêts mêmes de l'UE», souligne M. Benali Cherif. «Les vaines tentatives de ces quelques détracteurs, qui se trompent d'époque et d'adversaire, ne peuvent en aucun cas altérer et, encore moins, remettre en cause, la marche résolue de l'Algérie et de l'UE vers la consolidation du partenariat mutuellement avantageux que projette l'Accord d'association», a-t-il ajouté, précisant que «l'Algérie, qui a conclu l'Accord d'association en tant que cadre global du dialogue et de partenariat, entend poursuivre cette dynamique à travers une participation active au processus de révision de la Politique européenne de voisinage, dans le respect de sa souveraineté nationale et dans le contexte de la promotion des ses intérêts propres». Abdelaziz Benali Chérif a rappelé que «durant les dix années de mise en œuvre de l'Accord d'association, les questions relatives à la gouvernance, à la démocratie et aux droits de l'homme ont fait l'objet régulièrement d'échanges, à la satisfaction des deux parties». Pour lui, «l'adoption de cette résolution, qui s'écarte de l'esprit du dialogue confiant, décrédibilise ses propres auteurs qui se sont arrogé le droit de tenter de jeter la suspicion sur la justice algérienne face à des faits répréhensibles qui font l'objet d'actions judiciaires similaires dans nombre de pays européens». Appréciant très mal le texte de la résolution et rejetant ce qu'il qualifie d'«intrusion suspecte et irresponsable dans les affaires intérieures de l'Algérie», le ministère des Affaires étrangères «attire l'attention des partenaires européens sur les retombées négatives que pourrait avoir cet acte sur le développement des relations entre les deux parties». Il réitère, par ailleurs, «la ferme volonté de la partie algérienne de poursuivre activement la mise en œuvre des réformes qu'elle a souverainement engagées et escompte l'édification d'un partenariat algéro-européen respectueux de ses choix».