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«La politique et l'affairisme sont trop présents»
Belkacem Ahcene-Djaballah. professeur-associé à l'ENSJSI d'Alger
Publié dans El Watan le 04 - 05 - 2015

Dans cet entretien, Belkacem Ahcene-Djaballah, professeur-associé à l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information ( ENSJSI), ancien DG de l'APS et ancien membre (désigné) du Conseil supérieur de l'information, revient sur l'évolution de la presse sur le plan économique depuis l'ouverture du champ médiatique.
Pour notre enseignant, avec la naissance d'un nouveau modèle économique, le monde des médias est appelé à s'organiser pour mieux penser un modèle qui préserve, qui permette le tri entre le bon grain et l'ivraie et qui fait progresser. M. Djaballah propose, dans ce cadre, la création d'un Forum des chefs d'entreprises de presse.
Comment évaluez–vous l'évolution des médias sur le plan économique près de 25 ans après l'ouverture du champ médiatique ?
Objectivement, selon moi, le résultat n'est pas totalement négatif : le champ médiatique national comprend près de 400 publications (presse écrite) de périodicités diverses, dont près de 150 quotidiens. Globalement, on peut estimer qu'elle était lue par 8 à 9 millions en 2010, puis par 13 à 14 millions de personnes en 2012 (donc bien plus en 2015, malgré des baisses de ventes, toutes conjoncturelles et non définitives, dues à l'augmentation du prix de vente à 15 DA, puis à 20 DA), car le taux de circulation d'un exemplaire reste élevé chez nous.
Le secteur de l'audiovisuel reste encore limité aux entreprises publiques (qui ont évolué dans la forme, il faut le dire) fermé aux entreprises privées (près ou plus d'une trentaine de chaînes satellitaires) qui sont obligées pour l'instant d'avoir des sièges sociaux offshore (Suisse, Jordanie, Grande-Bretagne, France…). L'Autorité de régulation de l'audiovisuel (loi 14-04 du 24 février 2014) n'est pas encore officiellement et publiquement installée dans son entièreté — seulement son président — et il faut attendre encore un peu pour que le monopole public sur la programmation et la diffusion (pour la télé et pour la radio) soit totalement levé.
Ou attendre encore longtemps ? Wait and see ! On a des dizaines des sociétés de production (le monopole n'existe plus pour ce pan) assez actives qui, par ailleurs, apportent un plus dans le domaine de la production publicitaire, parfois en partenariat avec des marques étrangères connues. On a un marché de la publicité en continuelle expansion (tout particulièrement ces dernières années)… 200 à 300 millions de dollars, ce qui reste encore insuffisant pour «booster» ou «relancer» l'économie et le commerce. Il y a plus de 3000 journalistes ou, peut-être même 4000, sinon plus.
Et certainement quelques autres milliers de travailleurs d'autres métiers de la communication… Ajoutez-y les travailleurs de l'industrie du livre… On a désormais plusieurs imprimeries de presse (presse quotidienne ou presse magazine) modernes capables de rivaliser avec des imprimeries étrangères pour ce qui concerne la qualité et la rapidité du travail.
Tout ceci grâce à l'ouverture (libéralisation des moyens et des initiatives et libération de l'expression) entamée avec la loi d'avril 90. Mais cela a-t-il suffi pour transformer un secteur géré de manière artisanale, bureaucratique et autoritariste, pour ne pas dire «di…rectoriale» (avant 90'), assez poussif économiquement et commercialement malgré les bonnes volontés de bien de gestionnaires et de bien de rédactions et journalistes en véritable industrie qui, bien qu'ultra-légère, participe activement à la croissance du pays.
En tout cas, si les entrepreneurs de la communication et de la presse (pas tous, hélas, car il y a au sein de la corporation de plus en plus, et surtout à partir des années 2000, beaucoup d'affairistes et de politiciens) y croient, les décideurs restent sceptiques et ne «calculent» la presse et les moyens de communication (ainsi que leurs travailleurs et assimilés) qu'en termes politiques et idéologiques.
Avec les restrictions annoncées sur le marché de la publicité, quel serait l'impact sur la presse écrite ?
C'est tout à fait normal qu'en temps de contraction des activités économiques, commerciales et industrielles, il y ait baisse des investissements publicitaires… dans un premier temps, tout en sachant que pour faire (re-)démarrer la machine, l'investissement publicitaire est absolument nécessaire. La publicité étant une source de revenus permettant peut-être des bénéfices, du moins un équilibre budgétaire, tout cela a des répercussions sur la bonne marche des entreprises de presse (journaux y compris) et sur le bon développement du secteur. Le drame, chez nous, c'est que les choses sont toujours biaisées car elles se font, hélas, dans un climat de non-transparence et de gestion, volontaire ou non, politique ou pis encore, politicienne.
Malgré tout, du fait que la crise est déjà là, je pense que nous allons assister à la disparition graduelle mais inéluctable de tout ce qui est «artificiellement» entretenu : l'absence de réglementations (ex : publicité, sondages, aide de l'Etat à la presse, concept de service public, justification de la diffusion, cahier des charges dans l'audiovisuel…), l'irrespect des réglementations existantes (ex : transparence dans la création et la gestion…).
Pensez-vous que le modèle économique adopté jusque-là est à même d'assurer la viabilité des journaux ?
C'est un modèle économique devenu bâtard, alors qu'au départ, dans les années 90', malgré les «vides» dus bien plus à une situation politique et sécuritaire nécessitant une gestion politique spécifique, le système apparaissait comme un des plus originaux et des plus prometteurs des pays du Sud.
C'est, ne pas l'oublier, durant cette période, malgré tout, que l'on a assisté à la naissance (ou à la renaissance, car il ne faut pas oublier les entreprises de presse du secteur public qui ont connu, elles aussi, leur «printemps») de journaux qui, aujourd'hui encore, tiennent le haut du pavé et qui sont arrivés à avoir des publics fidélisés, des ressources publicitaires en dehors des circuits traditionnels, des réseaux de diffusion autonomes, ainsi que des moyens d'impression propres….Ce qui fait que malgré toutes les embûches, naturelles ou artificielles, ils ont résisté, se sont adaptés et résistent encore.
Mais ceci n'est valable que pour les entreprises qui se sont adaptées aux formes de gestion et de management modernes, participatives (ici, au sein des rédactions), tenant compte de l'existence de l'intrusion des Tic dans le domaine de la presse et de l'information ainsi que des hauts et des bas de la publicité (sans pour autant dramatiser), qui ne passent pas leur temps à «quémander» le soutien de l'Etat et qui ne comptent plus que sur leurs moyens, sur leur imagination managériale et sur... leurs publics.
En fait, un nouveau modèle économique est en train de naître (il a commencé, en fait, au début des années 2000). Les choses s'accélèrent. Le monde environnant est désormais autre. Les acteurs économiques et commerciaux nationaux ont changé. Les motivations sociétales et les intérêts politiques aussi. Il faut seulement, pour faire face à toute cette nouvelle révolution médiatique, que l'on s'organise pour mieux penser un modèle qui préserve, qui permette de faire le tri entre le bon grain et l'ivraie et qui fasse progresser (ex : un Forum des chefs d'entreprises de presse et de communication, pourquoi pas ?). Le plus tôt sera le mieux.
Pour tous. Pour le pays. Facile à dire. Difficile à faire. Car la politique et l'«affairisme» sont, hélas, trop «présents», envahissants même, favorisant les raisonnements éparpillés et souvent opposés.


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