«Les assisses de la culture en Algérie» est le thème d'une conférence visant à cristalliser toutes les mutations de la culture en Algérie. Pour mieux comprendre les enjeux des politiques culturelles, retrouvez dès demain, à 10h, Habiba Laloui, Ammar Kessab et Ryma Kerouicha à l'école Artissimo de Didouche Mourad. Organisée par le Groupe de travail sur la politique culturelle en Algérie (GTPCA), cette rencontre vise à entreprendre une réflexion approfondie sur le secteur culturel. Depuis 2011, ce groupe rassemble plusieurs acteurs de la culture en Algérie qui évoluent dans plusieurs domaines de compétence. «Les assises de la culture en Algérie sont un ensemble de rencontres thématiques qui vont permettre de faire un état des lieux précis du secteur culturel. Les acteurs culturels et les professionnels du secteur seront au centre de ces rencontres. Leurs préoccupations, leurs attentes et leurs propositions seront retranscrites fidèlement pour faire une évaluation exhaustive de la situation de l'art et de la culture en Algérie» lit-on dans le texte de présentation de l'événement prévu demain à l'école Artissimo de Didouche Mourad. «Cette évaluation, présentée sous la forme d'un rapport, permettra d'un côté d'identifier les besoins en matière de réforme du secteur culturel, et d'un autre côté de renforcer le projet de politique culturelle élaboré par le Gtpca». En 2012, le Gtpca a organisé cinq rencontres sur la politique culturelle, et a enchaîné sur l'élaboration d'un projet de politique culturelle, puis des ateliers afin de mieux faire comprendre le concept et d'y faire adhérer tous les acteurs de la culture. «L'idée de politique culturelle est totalement nouvelle en Algérie ; grâce au groupe Gtpca, un travail de sensibilisation attire autant les artistes que les opérateurs culturels, publics et privés», affirme Malika Sahouli, chercheuse dans le domaine des arts en Algérie. Dépenses Depuis quelques années, on observe une multiplication des institutions publiques à vocation artistique et culturelle. Les dépenses dans le domaine de la culture se montent à des milliards d'euros ; «cependant, il n'y a pas une décision claire dans ce sens. Le ministère de la Culture a rarement adhéré aux démarches entreprises par le Gtpca. Même si en 2013 l'ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, avait annoncé que le gouvernement menait une ‘‘bonne politique culturelle en Algérie'', cette affirmation qui n'avait pas convaincu laisse croire que le gouvernement a surtout dissout certains organismes qui géraient les salles de cinéma par exemple ou encore la production de livres», explique-t-elle. Une fois instaurée, la politique culturelle dans un pays doit définir sur quels fondements le gouvernement s'est basé pour intervenir dans la vie artistique et culturelle du pays. «On doit identifier, définir et traduire les notions multiculturelles dans notre pays pour mieux appliquer toute politique culturelle. Ce travail n'a pas été fait de manière sereine à cause de la décennie noire qui a entraîné un retard par rapport aux pays voisins comme le Maroc et la Tunisie. Sans parler du retard de dix ans sur la ratification de la Convention de 2005 de l'Unesco», déplore Mahmoud Baroudi, plasticien depuis une quinzaine d'années ; il a participé en outre à plusieurs rencontres mondiales autour des problématiques de la culture. Convention «Je trouve important que le Gtpca existe. Il intègre plusieurs personnalités de différents secteurs ; à mon avis, c'est ce qui va maintenir la recherche et l'évolution de la culture en Algérie. La nomination de Azeddine Mihoubi en tant que ministre de la Culture soulève de nombreuses interrogations. Aujourd'hui, le challenge est de démontrer que nous avons la volonté de rattraper le retard et d'impliquer le citoyen dans la culture à travers ses identités et valeurs. Vaste champ de bataille !» ajoute-il. En escale à Alger la semaine passée, Milena Dragicevic Sesic a rencontré plusieurs personnalités des arts et des médias pour rendre compte des mutations dans le domaine de la culture dans le Maghreb. Elle a également entamé une série d'analyses dans le cadre de ses travaux de recherche. Milena Dragicevic Sesic préside la Chaire Unesco de politique et management culturels et est professeure de politiques culturelles, management culturel et études en culture et médias à l'Université des arts de Belgrade. Elle a été conseillère auprès du ministère de la Culture de la République de Serbie, et ravaillé en tant qu'experte pour différentes institutions internationales dont l'Unesco, le Conseil de l'Europe, la Fondation européenne de la Culture et l'Open Society Institute. «L'Algérie a ratifié la Convention de 2005 de l'Unesco en février 2015, le ministère de la Culture est amené à mettre en application les résolutions pour la promotion de la diversité culturelle», déclare-t-elle.