La situation du marché pétrolier inquiète. Une anxiété qui se reflète non seulement dans le discours politique interne qui change de ton, mais aussi dans la perception du risque souverain qui évolue. C'est dans ce contexte que le think tank britannique, The Economist Intelligence Unit (EIU), vient de publier une nouvelle analyse des risques souverains et crédits pour l'Algérie. Bien que le think tank affilié au Financial Times et à The Economist maintienne la notation BB du risque souverain Algérie, il n'écarte pas la possibilité d'une révision à la baisse du rating dans les mois à venir. Les facteurs sous-jacents font aujourd'hui consensus puisqu'il s'agit de la prédominance du secteur des hydrocarbures et de la fiscalité pétrolière sur les recettes budgétaires ainsi que les politiques d'expansion budgétaires, que EIU considère aujourd'hui comme insoutenables à long terme. Le think tank estime ainsi qu'une diversification de l'économie, une réduction des subventions ainsi que la maîtrise de la facture des salaires de la Fonction publique seraient nécessaires afin d'améliorer le rating du risque souverain Algérie. EIU précise aussi que bien que le déficit de la balance des paiements pèse sur la notation du risque, l'effet est limité par le facteur de l'endettement extérieur qui est extrêmement bas comparativement aux pays notés BB et qui risque de le demeurer au regard du fait que les pouvoirs publics interdisent, depuis plusieurs années, aux entreprises tout recours à l'endettement extérieur. Autres facteurs positifs, le ratio de la dette publique interne qui devrait être gérable aux alentours de 11% du PIB en 2015-2016 ainsi que le Fonds de régulation des recettes qui malgré une forte baisse de l'épargne accumulée donne une certaine marge de manœuvre. Cependant, le think tank estime que les facteurs de risques demeurent importants car, précise-t-il, il ne faut en aucun cas sous-estimer l'effet conjugué de la baisse des cours du brut et du déclin des exportations en gaz sous l'effet de la consommation interne. De même qu'EIU pointe du doigt divers autres risques à l'image du risque de change, du risque bancaire, ainsi que les risques inhérents à la structure économique du pays. C'est ainsi qu'il évoque la dépréciation du dinar qui pourrait se poursuivre en 2015 sur fond de baisse des cours du baril et d'appréciation du dollar. Détérioration des actifs bancaires Le think tank estime également pour ce qui est du secteur bancaire que la position extérieure des actifs bancaires algériens s'est fortement détériorée en 2013-2014. Et de préciser que même si le secteur bancaire algérien manque relativement de sophistication et reste déconnecté des flux internationaux, le préservant ainsi de la volatilité des marchés de capitaux en 2015-2016, la probable expansion du crédit à la consommation, si elle n'est pas accompagnée de mesures adéquates, pourrait alimenter les doutes quant à la qualité des actifs bancaires et augmenter les risques crédit. Enfin, EIU met à l'index la corrélation entre croissance et programmes publics d'investissement ainsi que les performances du secteur des hydrocarbures. Et de préciser que si la diversification de l'économie demeure lente, une autre menace pèse sur l'Algérie, celle de la dépendance commerciale envers le marché européen. Autant d'éléments qui plombent d'ailleurs les prévisions. The Economist Intelligence Unit n'écarte donc pas une dégradation de la note du risque souverain. En cause, la persistance des pouvoirs publics à s'attacher à des politiques budgétaires expansionnistes. Attachement qui s'explique par la crainte de plomber la croissance via la réduction des dépenses d'investissements, ou de susciter la fronde sociale si l'on touche aux transferts courants. Aussi si les cours se maintiennent dans une tendance baissière, les équilibres budgétaires ainsi que la position extérieure nette risque d'être mise à mal notamment avec une nette contraction des réserves. Pour le think tank britannique, toute amélioration de la situation qui se traduirait par une révision à la hausse du rating de l'Algérie passe soit par un fort rebond des cours du brut, soit par une diversification de l'économie.