La poursuite en diffamation de notre collègue Mohamed Taïbi, correspondant d'El Watan à Khenchela, par le wali Djelloul Boukarabila, a suscité un élan de solidarité de la part de la famille de la presse dans cette wilaya. Convaincue de son noble combat dans l'éclairage de l'opinion publique, très attachée aux principes de la liberté d'expression et de l'information, la corporation à Khenchela a refusé de passer sous silence le grave précédent que subit actuellement le correspondant Mohamed Taïbi (lire l'édition d'El Watan du 27 mai 2015). Journalistes et correspondants assurant leur métier dans cette wilaya, conscients des contraintes dressées parfois sciemment sur leur parcours, ont tenu à apporter, à l'unisson, leur soutien indéfectible à leur confrère. Dans un communiqué rendu public hier et intitulé «La presse étouffée à Khenchela», ils dénoncent «les harcèlements dont ils font l'objet à travers des poursuites judiciaires et les diverses pressions exercées à leur encontre dans l'exercice de leur métier». Les signataires du communiqué interpellent les autorités politiques, particulièrement le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales «à mettre un terme aux harcèlements de toutes sortes, aux intimidations et aux poursuites judiciaires à l'encontre des journalistes de la wilaya de Khenchela» dont la dernière en date est celle actionnée par le wali à l'encontre de Taïbi Mohamed «en raison de ses écrits audacieux qui reflètent la réalité, alors que le wali n'a pas choisi d'utiliser son droit de réponse – comme stipulé dans le code de l'information–, préférant recourir aux poursuites judiciaires, ce qui montre la mauvaise foi et l'abus de fonction, au lieu de rectifier une information éventuellement inexacte ou incomplète», dixit le document. Et à eux d'exiger la fin des poursuites judiciaires systématiques contre les journalistes et de privilégier l'utilisation du droit de réponse, comme stipulé dans le code de l'information. Aussi que cessent «les provocations et menaces du premier responsable de la wilaya contre les journalistes, notamment lors des réunions officielles qu'ils sont pourtant invités à couvrir». Les journalistes signataires de cette déclaration ont tenu, toutefois, à rappeler que la presse ne pratique pas une opposition mais qu'elle exerce ses missions loin de toute velléité de manipulation de l'information. Dans le même sillage, les concernés appellent de leurs vœux à l'ouverture des accès à l'information, à l'amélioration des conditions socioprofessionnelles et à la création d'une maison de la presse dans la wilaya.