- Il est difficile de se déplacer dans la capitale. Pourquoi la situation est-elle à ce point ingérable ? Le problème de la circulation à Alger est évident. La raison est claire : c'est l'usage «abusif» du véhicule particulier. Pourquoi ? Parce qu'en face on n'a pas un transport collectif performant, il faut le reconnaître. Il y a 1,4 million de véhicules immatriculés à Alger. Il y a jusqu'à 800 000 véhicules en flux quotidien des autres wilayas, selon un bilan de 2006. Actuellement, au niveau des voies express, il y a un dépassement de 145 000 véhicules. Le problème est dans l'occupation de l'espace viaire. Et donc, quels que soient les investissements, tout est saturé. C'est un cercle vicieux. - Combien de points noirs avez-vous recensés et où se situent-ils ? Dans le cadre du projet d'un Centre de régulation de la circulation (CRC), on a ciblé 400 points noirs. Il y a les carrefours, mais les points les plus récurrents sont là où il y a les grands équipements commerciaux, l'hôpital Mustapha, etc. A Alger, on a la concentration des tous équipements publics au centre-ville. Les gens viennent au même moment au même endroit. On a également, il ne faut pas l'oublier, un port qui est au centre-ville. - Le plan de circulation adopté en 2004 n'a pas permis de prendre en charge le problème de la congestion. Est-il encore valable ? L'ancien plan n'a jamais été appliqué. Il a été dépassé avant qu'il soit mis en œuvre. Il faut dire les choses telles qu'elles sont. Il a été repris, ceci dit, dans le cadre du Plan directeur d'aménagement et d'urbanisme (PDAU). On a repris les orientations stratégiques et on les a adaptées au nouveau contexte. - Quelles sont ces «orientations stratégiques» ? C'est le développement du transport collectif, la réalisation d'équipements pour inciter les automobilistes à moins utiliser leurs véhicules. Mais tout converge vers le transport collectif. Quand on n'encourage pas les gens, quand on ne leur offre pas les conditions d'utiliser le transport collectif à l'instar des grandes capitales, le problème restera, malheureusement, posé. - Alors, que prévoit de faire votre direction ? Engager un nouveau plan ? A la direction, on préfère parler du «Plan mobilité». Il prévoit le développement du transport collectif avec l'extension du métro pour atteindre 40 km en 2020. Il y a le réseau tramway qu'on est en train de développer. Il y a la mise en service de l'extension vers Dergana, sur la ligne de l'Est. Nous allons prendre en charge aussi la ligne Ouest. Les études sont en cours. Il y a plusieurs variantes. Celle qui tient route, c'est la variante Chéraga-Aïn Benian-Staoueli. Pourquoi ? Cette variante permettra de connecter cette zone, qui connaît une concentration importante, au métro futur de Chéraga. - Qu'en est-il de la Régie publique Etusa (ex-Rsta) ? La direction prévoit le renforcement de l'Etusa par 300 nouveaux bus, dont 50 qui sont déjà exploités. Ce marché est remporté par la SNVI. En attendant, on a eu recours à l'affrètement, dans un premier temps, de 400 bus. L'Etusa affrétera ces bus et les exploitera. L'évaluation des offres est en cours. Il y a déjà des soumissionnaires. Par cette action, on fait participer indirectement le privé. Les bus seront affrétés avec chauffeur, et la régie se charge du recrutement des receveurs… - Quand est-ce que ce projet sera concrétisé ? La mise en circulation de ces 400 bus devra être effective à la prochaine rentrée. Il n'est pas facile de mettre en place ce dispositif. Les bus à affréter dépassent ceux mis en place actuellement par l'Etusa. L'entreprise dispose, avec le transport étudiant (250), de 600 bus. - Justement, la livraison des sites de logements à la périphérie n'a pas été suivie par le renforcement des lignes de transport, inexistantes dans certaines localités, telles que Tessala El Merdja, Souidania, Mahelma, Ouled Fayet… Notre objectif justement est de desservir et mailler toute la wilaya d'Alger grâce à ces opérations. Le nouveau ministre, Boudjema Talaï, veut que l'on couvre tout le territoire de la wilaya d'Alger par l'affrètement de bus dans un premier temps. M. Talaï insiste pour lancer l'opération du ticket unique, qui touchera les opérateurs publics. Le ministre veut qu'on «encercle» la wilaya par des parkings à la périphérie et renforcer vers l'extérieur le transport collectif. On y arrivera. Pour cet été, nous venons d'injecter 250 bus de l'enseignement supérieur. Au besoin, on en rajoutera. Le ministre insiste pour le maintien des transports jusqu'à 2 heures du matin, même en dehors du mois de Ramadhan. L'expérience sera lancée durant l'été. - Il y a également des projets d'équipements publics… En effet, nous prévoyons de décentraliser la gare du Caroubier par la réalisation de trois gares multimodales. Il y a celle qui va desservir le sud et l'ouest, à Bir Mourad Raïs. Il y a aussi la gare de Zéralda, dont les études sont en cours. Même chose pour la gare de Dar El Beida, dont la procédure de l'appel d'offres est en cours.