A quelques heures de la fin de l'ultimatum, la Grèce a rendu sa copie et s'est engagée à reprendre la majorité des propositions de ses créanciers pour les convaincre de maintenir leur aide et éviter une sortie de la zone euro. Selon le document d'une vingtaine de pages transmis par le Premier ministre, Alexis Tsipras, la Grèce s'engage à mener un impressionnant train de réformes, alors que la population, dans sa grande majorité, s'était déclarée contre une nouvelle politique d'austérité, lors du référendum du 5 juillet. M. Tsipras promet 13 milliards d'euros d'économie, sésame pour décrocher un troisième plan d'aide financière pour la Grèce (de 53,5 milliards d'euros sur trois ans), indispensable pour éviter au pays la banqueroute, alors que son économie est à l'arrêt et ses banques quasi fermées depuis dix jours. Le Premier ministre demande aussi un «reprofilage» de la dette publique grecque qui s'élève à 322 milliards d'euros, soit 180% du PIB. La requête grecque devait être examinée hier par la BCE, la Commission et le FMI. Elle devait également être votée, par le Parlement grec, où M. Tsipras devait demander un mandat pour la défendre à Bruxelles. Enfin, elle devrait être approuvée par l'Eurogroupe (réunion des 19 ministres des Finances de la zone euro) aujourd'hui, puis lors d'un sommet de la zone euro, demain. Avec ces réformes sur la table, les créanciers vont pouvoir «estimer le montant du programme d'aide» pour la Grèce, a indiqué une source européenne. La nouvelle proposition soumise par le gouvernement Tsipras à ses créanciers a fait renaître l'espoir d'un accord. Des échos optimistes, bien que prudents, sont venus de plusieurs capitales européennes, comme Paris, Vienne et Rome. La France a estimé que les dernières propositions formulées par la Grèce sont «sérieuses» et «crédibles», a estimé le président français François Hollande, ajoutant, toutefois, que «rien n'est encore fait» et que les «heures qui viennent seront importantes» pour un accord. «Les Grecs viennent de montrer une détermination à vouloir rester dans la zone euro, parce que le programme qu'ils présentent est sérieux et crédible. Ils vont le soumettre au Parlement, ce qui montrera de la force, de l'engagement et je le dis aussi, du courage», a ajouté le président français. Pour le chancelier autrichien, Werner Faymann, «il n'y a pas encore de résultat, mais il existe une chance d'accord et nous devons saisir sérieusement cette chance», tandis que le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, se voulait «plus optimiste». Seule l'Allemagne n'avait toujours pas commenté, hier, les dernières propositions grecques de réformes. La veille, la chancelière allemande, Angela Merkel, avait réaffirmé son opposition à une «réduction» de la dette grecque. «Je ne peux pas juger du contenu des propositions transmises par Athènes, jeudi soir, à ses partenaires européens dans un ultime effort pour obtenir une aide financière», a déclaré Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, lors d'un point de presse régulier. «Nous attendons que les institutions les examinent et communiquent leur avis», a-t-il ajouté, en référence aux créanciers d'Athènes, la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne, qui devaient se pencher sur le document. Interrogé sur les avis déjà exprimés par d'autres capitales, M. Seibert a répondu : «Chaque gouvernement a son rythme, celui-ci s'en tient aux procédures de rigueur.» «Cela a toujours été ainsi : c'est d'abord aux institutions de se prononcer sur les propositions mises sur la table.» Quoi qu'il en soit, «cela ne suffirait pas de présenter à nouveau les propositions de juin, emballées autrement», a prévenu, lors de la même conférence de presse, le porte-parole du ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, Martin Jäger. «Il s'agit maintenant d'une feuille de route de réformes sur plusieurs années et en profondeur», a renchéri M. Seibert.