La conférence nationale sur l'évaluation de la mise en œuvre de la réforme de l'école, organisée le ministère de l'Education nationale, s'ouvrira aujourd'hui. Les participants discuteront, en dix ateliers, des thématiques en relation avec l'évaluation du produit de la réforme coïncidant avec la première promotion de bacheliers 2015. Ancien enseignant et pédagogue, Ahmed Tessa relie la conférence sur l'évaluation du secondaire d'aujourd'hui et de demain avec celle liée à la réforme de l'école organisée l'année dernière par la tutelle : «La conférence sur le secondaire vient après la conférence sur la réforme organisée en juillet 2014 pour évaluer le secteur de l'éducation. La rencontre de l'année dernière a permis une évaluation objective et sans concession de la mise en œuvre de la réforme initiée en 2003. Ce même travail sera engagé lors de la conférence sur le secondaire» Cet ancien cadre au ministère de l'Education nationale met l'accent sur la «mise en application des réformes engagées il y a plus de dix ans» à la faveur de la commission du professeur Benzaghou, dont faisait partie l'actuelle ministre de l'Education, Mme Nouria Benghebrit. «Les grands objectifs de cette réforme sont foncièrement bons, puisqu'imposés par l'Unesco et la mondialisation en général. Mais le problème réside dans leur mise en œuvre. Des dysfonctionnements constatés lors de la conférence de l'année dernière ont trait, particulièrement, à la formation du personnel, au contenu des manuels et au système d'évaluation, surtout le baccalauréat, ainsi qu'à la gouvernance dans le secteur», énumère M. Tessa. La nouvelle approche mise en place par Mme Benghebrit depuis sa prise de fonctions s'articule autour de trois leviers : la refonte pédagogique, la gouvernance et la professionnalisation des personnels par la formation. M. Tessa y souscrit amplement : «La vision de la ministre est pertinente. Il reste, toutefois, à mettre en place les dispositifs opérationnels pour leur mise en œuvre efficiente sur le terrain. Il est nécessaire d'apporter des solutions aux dysfonctionnements qui marquent l'enseignement secondaire par une nouvelle évaluation de l'examen du baccalauréat. Il faut aussi que la toile de fond de toutes ces réformes engagées par la tutelle doit être le respect du principe de l'école de la réussite pour tous, à chacun selon ses capacités, ses dons et ses potentialités.» Mouhoub Harouche, pédagogue, ancien inspecteur de langue arabe, estime que le secondaire est «malade plus que les autres paliers et manque de beaucoup de choses». Il réclame la refonte du système d'évaluation du bac : «Nous avons proposé deux sessions dans l'année de la terminale. Nous avons aussi suggéré d'opter pour un système qui adopte un bac en deux temps, comme cela se passe en France. Il s'agirait ainsi de faire passer par exemple les épreuves de langues ou des sciences humaines en 2e AS et les épreuves scientifiques et la philosophie en terminale. Cela permettra d'alléger la charge imposée à l'apprenant.» M. Harouche est rejoint par différents partenaires (syndicats, parents d'élèves) quant à la nécessité de revoir les examens. En plus du système d'évaluation, M. Harouche propose une réécriture des manuels pour qu'ils ne soient pas «à côté des programmes». «Les manuels, tels qu'ils sont rédigés, sont en inadéquation avec les programmes. Il s'agit, comme nous l'avons proposé, de faire en sorte que les manuels soient des synthèses des programmes. Il est aussi nécessaire d'alléger les programmes de certaines disciplines, trop chargés», signale l'ancien inspecteur, sollicité pour ses compétences et connu des élèves et des enseignants, puisque les manuels diffusés ont longtemps porté son onction.