Nicolas Sarkozy, actuel ministre de l'Intérieur et candidat potentiel de la droite, a choisi de partir aux Etats-Unis pour participer aux festivités commémorant les attentats de septembre 2001 et se donner ainsi une stature internationale. Sa rivale de gauche, Ségolène Royal, entame, quant à elle, une tournée européenne, commencée par Rome, pour chercher le soutien des gouvernements socialistes et expliciter le contenu de son programme présidentiel. Si la situation paraît relativement calme dans le camp de droite qui semble avoir accepté la seule candidature de Sarkozy, à gauche, on est loin de ce schéma idyllique. Alors que les sondages donnent Mme Royal comme étant la mieux placée pour concurrencer Sarkozy, les autres candidats de gauche refusent de se fier aux résultats des sondages. Décidés plus que jamais à être candidats à la candidature malgré leur impopularité au sein même du parti socialiste (PS), ils ne ratent pas une occasion pour fustiger les déclarations et les prises de position de leur collègue et néanmoins rivale. Et ce n'est pas les sujets qui manquent. Hier, c'est Jacques Lang, ancien ministre de la Culture sous Mitterrand, qui a accusé Ségolène Royal « de perdre facilement le contrôle de ses nerfs », suite à une question relative au clivage gauche droite posée par une jeune militante socialiste. La droite a également profité de cette « bévue » pour accuser Ségolène Royal « de perdre ses nerfs » et de ne pas être « la candidate idéale pour gouverner la France ». Et bien qu'elle ait présenté ses excuses à la jeune fille depuis Rome, la « bourde », commise par la future candidate socialiste, a été relevée par l'ensemble des médias français. Elle risque même de se retourner contre elle. Mais il n'y a que cela. La carte scolaire que Mme Royal veut partiellement changer, les décentralisations, les éloges adressés au « blairisme » ainsi que l'encadrement militaire des jeunes adolescents dits difficiles, sont autant d'idées qui font sortir ses concurrents du PS de leurs gonds. Certains l'accusent d'apporter de l'eau au moulin de la droite et de caricaturer les thèmes développés par Sarkozy, notamment en matière de sécurité. D'autres lui reprochent de manquer de vision claire pour la France et de n'être, en fin de compte, que le produit des médias. Ajouter à cela l'opacité qui entoure ses propositions économiques et sociales et son inexpérience politique. Pourtant, malgré le feu nourri qu'elle encaisse presque quotidiennement, Ségolène Royal semble bien tenir la barre. Les sondages continuent à lui attribuer une longueur d'avance par rapport à tous ses rivaux. En moyenne, 52% des militants de gauche se disent prêts à voter pour elle lors des élections présidentielles, contre des chiffres nettement inférieurs attribués à Jacques Lang, Lionel Jospin, Dominique Strauss-Kahn ou Laurent Fabius, pour ne citer que ces prétendants. Entourée d'une équipe jeune inscrite dans un « désir d'avenir », la présidente de la région du Poitou-Charente fait mine de rien entendre. Elle ne se lasse pas d'aller à la rencontre des militants socialistes sur le terrain et de multiplier les meetings politiques. Prônant un changement mesuré, elle est convaincue que les Français sont, cette fois-ci, prêts à confier la magistrature suprême à une femme. Donc à elle…