C'était l'un des chantres du malouf à Constantine. Sa contribution pour la sauvegarde de l'authenticité de ce genre musical lui a été reconnue par tous ses contemporains. Le dimanche 11 juillet 2004, Abdelmoumen Bentobbal a tiré sa révérence à l'âge de 76 ans, après avoir consacré plus de soixante ans de sa vie à la musique, pour laquelle il est resté bien fidèle durant toute sa carrière, refusant de succomber à l'attrait du commercial, même s'il aurait pu être un chanteur à succès. Une image revient toujours dans les mémoires, celle d'un Kaddour Darsouni terrassé par la douleur, devant la tombe de son ami, un certain 11 juillet 2004 au cimetière central de Constantine. Né à Constantine le 12 mars 1928, Abdelmoumen Bentobbal a grandi dans un milieu familial musical. Il avait pour premiers maîtres ses oncles paternels Allaoua et Amer. Il découvre la musique andalouse à l'âge de 8 ans. Dès sa jeunesse, il fréquente la zaouïa des Aïssaoua, et s'intègre dans l'activité associative entre 1936 et 1939. Après la fin de la deuxième guerre mondiale, il rejoint l'association «l'Etoile polaire», présidée par Zouaoui Belguechi, et dont l'orchestre était dirigé par Abderrahmane Bencharif, où il réussira à parfaire son apprentissage et de percer le secret de la musique constantinoise dans toute sa diversité. Ses talents vocal et instrumental se confirmeront au fil des ans. «Sa bonne connaissance du répertoire musical constantinois, lui qui a longtemps fréquenté les grands chouyoukh, feront de lui l'une des références en la matière. C'était un artiste qui cherchait toujours la perfection», selon les témoignages de ses proches. L'homme a toujours mené une vie simple et discrète, sans aucun tapage médiatique. Au sein de sa famille, Abdelmoumen Bentobbal était toute sa vie le meilleur des pères et des confidents, par sa gentillesse, son affection et sa bravoure exemplaire. Il vivait l'art comme un «gharam» dans le sang et non comme une «sanaâ». En 1983, avec certains amis fidèles, dont le docteur Hamdani Hamadi, il crée l'association musicale «El Bestandjia» en l'honneur des frères Ahmed et Abdelkrim Bestandji, deux des illustres maîtres de la musique andalouse à Constantine. Le but était de transmettre l'héritage et le patrimoine musical aux nouvelles générations dans la pure tradition des anciens. Une mission qui se poursuit à ce jour et qui donne ses fruits. L'association qui a pris part à diverses manifestations a glané de nombreuses distinctions. La relève est désormais assurée.