Prendre en considération la langue maternelle de l'enfant dès sa première année scolaire : cela fait partie des 200 recommandations élaborées lors de la conférence nationale sur l'éducation en début de semaine. Une annonce qui est loin de faire l'unanimité au sein de l'opinion publique. La campagne lancée contre la ministre de l'Education nationale qui a fait part de sa proposition d'initier l'enfant au savoir par le biais de sa langue maternelle continue. Des réactions et des communiqués publics de partis islamistes demandant la démission de la ministre. L'acharnement de ceux qui se disent «défenseurs la langue arabe» ne s'est pas arrêté. Une bataille idéologique s'est vite enclenchée. Hier, depuis Laghouat, la ministre Nouria Benghebrit a qualifié ces réactions indignes de «chahut inacceptable». Pour elle, on est encore au stade de la «rumeur». Elle a tout de même tenté de rassurer ses détracteurs. La ministre, qui s'exprimait sur les ondes de la radio locale, a indiqué que «la langue arabe reste la première langue d'enseignement adoptée dans l'enseignement des autres matières». «La Constitution, a-t-elle dit encore, est claire sur la question. Il appartient de faire preuve de sagesse et de s'occuper davantage des questions pédagogiques», a-t-elle affirmé avant de faire état de suggestions formulées par des spécialistes participant à la conférence régionale d'évaluation de la mise en œuvre de la réforme scolaire, appelant à tenir compte, de façon progressive, du background linguistique de l'enfant. L'étude des contenus du manuel scolaire a laissé apparaître, explique-t-elle, une place «insuffisante» accordée au patrimoine national. Elle a émis le souhait de réserver davantage d'éclairage sur le plan éducatif à ce patrimoine, dont la poésie populaire. «Comment concevoir la dimension algérienne si le secteur de l'Education n'investit pas sur l'aspect innovateur véhiculé par les langues arabe et amazighe ?» s'est-elle interrogée.